Avant même la musique des hommes, c’est la musique des oiseaux qui ouvre Eight Gates – quelques secondes qui reviendront régulièrement tinter à notre oreille au fil de ce bref album, rythmant les neuf chansons qui le composent. L’oiseau Jason Molina s’est quant à lui brisé les ailes un jour d’hiver de 2013 : ce disque est posthume.
Il faut, pour tenter d’écrire sur la musique que ce disque recueille, reléguer l’émotion d’entendre à nouveau la voix de Jason Molina – son chant d’une intensité si fragile et sa parole, parfois captée tandis qu’il discute entre deux prises.
Mais c’est terriblement difficile, car le disque tout entier semble se concentrer sur elle, comme on se penche sur un grand brûlé. Et se penchent alors une guitare acoustique ou à l’électricité réverbérée, un orgue perdu, un violoncelle solitaire, une batterie sèche, un sample de mirage – des paysages de désert. Là, le chant d’un oiseau tient du miracle et c’est ce qu’est ce disque : un miracle. L’inespéré.