Le duo Autechre publie vendredi 16 octobre leur quatorzième album, SIGN. Un disque apaisé qui laisse plus d'espace à l'expression des sentiments.
Le cultissime duo britannique formé de Rob Brown et Sean Booth, connu sous le nom d’Autechre, nous offre aujourd’hui SIGN, premières compositions inédites depuis les passionnantes NTS Sessions, millésimées 2018.
Deux ans après ces objets radiophoniques non identifiés — 36 morceaux pour 8 heures de jubilatoires de visions synthétiques qui dynamitaient le format album, dilataient les conventions électroniques, et signaient après quasi trente ans de carrière une créativité intacte —, les voilà de retour dans une formule plus conventionnelle et, disons-le plus accueillante — 11 titres oscillants entre 3’21 et 8’50.
Ce SIGN consiste moins en un bouleversement de leur grammaire — comme ce fut le cas entre Amber (1994) et Tri Repetae (1995) puis en plongeant dans les années 2000 avec Confield (2001) —, qu’en un apaisement de leur fièvre et un décalage de leur savoir-faire méticuleux vers d’autres horizons, plus intérieurs.
Dans une interview donnée à Pitchfork pour la sortie des NTS Sessions, Sean Booth critiquait la tendance de la production contemporaine à tout faire sonner de manière frontale. « Je suis revenu là-dessus, avouait-il. Je suis vraiment intéressé par le mixage profond, où tu entends des choses dont tu n’es pas nécessairement conscient à la première écoute… » Ce SIGN porte en son cœur ces nouvelles préoccupations.
Romantique fiévreux
En résulte, un disque plus dans les clous, moins déstructuré, mois bavard aussi, maintenant qu’ils se sont un peu débarrassés du costume d’expérimentateur timbré, pour endosser celui du romantique fiévreux. Adieu les bavardages bruitistes, le propos est recentré sur l’essentiel et on s’étonne même de surprendre des mélodies et des progressions harmoniques presque traditionnelles, avec ces tensions et ces résolutions dont leur musique a pu récemment faire l’économie. Les fondamentaux de la pop, diraient d’autres.
Ce SIGN normalise — modérément — le dialogue qu’ils entretiennent avec les machines . On n’a moins l’impression d’une traduction, d’un editing, d’un discours proposé par une machine ou un algorithme — méthode qui allait croissante depuis Confield (2001) avec leur utilisation de MAX/ MSP. Les comparaisons ? Elles sont aujourd’hui plus faciles, néanmoins toujours inutiles. Les labélisations ? Expérimental, IDM, drone… Elles tombent encore à côté. Nous restent des impressions contrastées : accueillant et extra-terrestre, délicat et austère. La promesse de l’éternel inouï est encore une fois tenue.