Nick Cave, J.E. Sunde, Mocke… Ça sort ce vendredi 20 novembre et Magic aime

Avec "9 Songs About Love" de J.E. Sunde, "Parle Grand Canard" de Mocke, un live des War on Drugs ou celui d'un Nick Cave seul au piano, Magic a sélectionné les disques qui pourraient vous tenir compagnie ce week-end.

NICK CAVE – Idiot Prayer: Nick Cave Alone at Alexandra Palace
(BAD SEED LTD)

Sans les Bad Seeds et sans public. Nick Cave seul sur son banc, sous la verrière de l’Alexandra Palace, à Londres. La performance, qui devait être l’affaire d’une fois (un stream diffusé au cœur de l’été), a finalement droit à son film et à son album. Mieux qu’un lot de consolation – sa tournée européenne a été annulée pour les raisons que l’on sait –, cette lumineuse extension de sa discographie live manifeste toute la force d’un répertoire qui, du feu de Grinderman à la glace d’un Stranger Than Kindness, ne perd absolument rien à être plaqué sur un piano.

J.E. SUNDE – 9 Songs About Love
(VIETNAM / BECAUSE MUSIC)

Le deuxième album de J.E. Sunde à paraître en France ne renverse pas la table dressée avec goût par le premier (J.E. Sunde, 2019). Et pourquoi le ferait-il ? Le folk-rock du songwriter de Minneapolis, bâti sur la discrétion de sa section rythmique et le charme de son petit accent soul, ne demandait qu’à s’ouvrir un peu plus grand. Lui dont la voix se laissait aller à quelques chevrotements montre cette fois une belle assurance. Qu’il s’essaie à l’approche poétique de Leonard Cohen ou bien à des ballades à la Reigning Sound.

MOCKE – Parle Grand Canard
(OBJET DISQUE)

On connaissait Mocke guitariste liant chez Arlt, Chevalrex ou Mohamed Lamouri, auteur-compositeur pour Holden (de la grande époque Lithium) ou Midget ! (avec Claire Vailler – Ferme tes jolis cieux, Objet Disque, 2018), et on aimait la liberté érudite, rieuse et foisonnante, mais toujours assez modeste, de ses deux premiers solos. On le savait grand improvisateur, curieux d’inframince oriental, d’impressionnisme flottant et d’abstractions joueuses, on le découvre sur Parle Grand Canard compositeur d’amples épopées orchestrales en cinémascope, technicolor et diverses autres techniques d’impressions sonores encore inconnues hier.

THE WAR ON DRUGS – Live Drugs
(SUPER HIGH QUALITY RECORDS)

Un rapide exercice de géométrie situerait le regretté Warren Zevon à l’intersection des trajectoires dessinées par Bob Dylan, Tom Petty, Bruce Springsteen et Randy Newman. C’est-à-dire dans l’exact périmètre où se déploie l’admiration de The War on Drugs, qui font ici honneur à son Accidentally Like a Martyr (1976). Autour de cette jolie reprise, ce disque live assemblé à partir d’une quarantaine d’enregistrements de concerts offre aux chansons homériques d’Adam Granduciel l’espace démultiplié qui leur sied.

ARANDEL – InBach Remixed
(INFINÉ)

À la manière du Absent Minded Reworks de Gabriel Ólafs dont nous vous parlions la semaine passée, voici ce qu’on pourrait considérer comme un disque de relectures au carré. Coup de cœur de notre numéro 219, InBach d’Arandel se présentait comme un grand geste électro pop librement inspiré de l’œuvre de Jean-Sébastien Bach. Sur cette nouvelle mouture “remixée”, le Français a confié à d’autres (Eris Drew, King Britt, Toh Imago, Bumby, La Foudre) le soin de projeter leurs propres réflexions sur ses travaux. Résultat : sur ces cinq morceaux, Bach pousse définitivement les portes du club.

PHOEBE BRIDGERS – Copycat Killer EP
(DEAD OCEANS)

Treize minutes, quatre morceaux. C’est tout ce que ce nouvel EP a conservé de Punisher, le deuxième album de la Californienne sorti fin juin. Une version abrégée dans sa durée certes, mais étoffée en volume grâce aux cordes de l’arrangeur Rob Mouse qui bercent les attrape-cœurs de Phoebe Bridgers jusqu’à les confondre avec des songes.

ANTHONY MOORE – Out
(réédition chez DRAG CITY)

La carrière tout en zigzags du Britannique Anthony Moore n’a jamais vraiment pris la lumière. Avant de devenir le parolier de quelques-unes des chansons du Pink Floyd troisième version chapeauté par David Gilmour, il fut aussi l’auteur d’une paire d’albums redevables au minimalisme de John Cage au début des années 70, puis l’un des membres du trio pop d’avant-garde Slapp Happy. Cette réédition de Out, son troisième effort solo paru en 1976, montre pourtant un songwriter doué, versé dans une pop assez orchestrée et pas si oblique, développée ici avec le renfort d’Andy Summers (futur guitariste de The Police) et Kevin Ayers.

GRANDADDY – The Sophtware Slump 20th Anniversary Collection
(DANGERBIRD RECORDS)

Intercalé entre OK Computer de Radiohead (1997) et un album comme Yankee Hotel Foxtrot de Wilco (2002), The Sophtware Slump (2000) fut un autre disque indissociable du tournant du millénaire, de sa part d’inconnu et de sa débauche de connectivité face à la solitude. Des trois groupes, Grandaddy est celui qui a collé à l’époque avec la pop la plus dilettante – et attachante. Bricolé par un Jason Lytle qui souhaitait retourner tout son matériel en magasin une fois l’enregistrement terminé, le chef-d’œuvre du groupe de Modesto fête aujourd’hui son vingtième anniversaire avec une luxueuse réédition vinyle. Au programme : des raretés ainsi qu’une nouvelle version hypersensible de l’album enregistrée en piano-voix – The Sophtware Slump… on a wooden piano, également disponible en ligne.

BORN IDIOT – Full Time Bored
(GÉOGRAPHIE / DIFFER-ANT)

Après un premier album (Afterschool, 2017) et un EP (Coco Trip, 2019), les Rennais de Born Idiot précisent leur formule sur ce deuxième long format. Une pop synthétique et gentiment psyché, où claviers miniatures et guitares moelleuses s’appliquent à faire fondre la nostalgie ambiante. Un peu comme si chacune des pièces détaillées sur la pochette étaient chauffées à vide pour en évacuer la solitude.

DIRTY PROJECTORS – 5EPs
(DOMINO RECORDS)

Cet album-compilation ramasse les cinq EPs que les Dirty Projectors ont distribués cette année, entre le mois de mars et… aujourd’hui – le dernier, Ring Road, débarque tout juste lui aussi. Ici, le groupe de Brooklyn ne vise pas la cohérence du geste artistique mais plutôt quelque chose comme un curieux cycle de cinq saisons. À la fois puzzle d’ambiances (pop hyper-produite, folk primesautier, bossa nova, etc.) et présidence tournante, puisque chacun des membres dispose de quatre pistes où il/elle assure le chant lead.

KACEY JOHANSING – No Better Time
(NIGHT BLOOM RECORDS)

Jusqu’ici chaque album de Kacey Johansing était un peu plus réussi que le précédent. Arrivée au stade du quatrième, l’Américaine ne cherche plus tant à perfectionner sa pop qu’à la décentrer. No Better Time pratique, comme beaucoup avant lui, la migration à Los Angeles. Presque un saut de puce pour celle qui a toujours fait du soft rock west coast le tremplin de ses pirouettes vocales. Certes, mais aucune parcelle de son œuvre n’avait absorbé, dans toute sa lumière huileuse, cette ville où tout le monde a l’air d’être sur le départ.

KEELEY FORSYTH – Photograph EP
(THE LEAF LABEL)

L’un des effets les plus bouleversants – et a priori inattendus – du confinement fut sans doute cette sensation de ne pas être tout à fait à sa place chez soi. Bien que coutumière de la confection artistique à domicile, l’Anglaise Keeley Forsyth, auteure en début d’année d’un remarquable premier album (Debris), a remis l’ouvrage sur le métier avec ce nouvel inconfort à l’esprit. De quoi justifier l’ajout d’une couche de verglas électronique à son théâtre de l’intime déjà douloureux.

B77 – The Wonderful Labyrinth Of The Mind (HALF AWAKE)

Premier album d’un duo d’amis fribourgeois passionné par les sons psychédéliques des années 60 et 70, The Wonderdul Labyrinth Of The Mind est un charmant voyage dans une forêt imaginaire, luxuriante, vaste comme la liberté formelle que se sont octroyés les deux musiciens.

Mais rien ne vous empêche d’écouter aussi les autres sorties du jour :

  • LINDSTRØM & PRINS THOMAS – III (SMALLTOWN SUPERSOUND)
  • MAMALARKY – Mamalarky (FIRE TALK)
  • SUBMARINE FM – Crawl (SLAB NOTE)
  • JACK NAME – Magic Touch (MEXICAN SUMMER / MODULOR)
  • GREAT MOUNTAIN FIRE – Movements (SUNDOGS / CAPITANE RECORDS)
  • CHELOU – Real (ANTIFRAGILE MUSIC)
  • DO NOT MACHINE – Heart Beat Nation (NINETEEN SOMETHIN / [PIAS]
  • THE BELMONDOS – Memory Lane (LE POP CLUB RECORDS)
  • ENRICO DEGANI / FABRIZIO MODONESE PALUMBO – Time Lapses (AUAND RECORDS)
  • ELVIS PRESLEY – From Elvis in Nashville (SONY / RCA)
  • KING GIZZARD AND THE LIZARD WIZARD – Live in San Francisco ’16 (ATO RECORDS)
  • KING GIZZARD AND THE LIZARD WIZARD – KG (CAROLINE RECORDS)
  • ARCHIVE – Versions Remixes (DANGERVISIT)
  • DREAM WIFE – IRL (Live in London 2020) (LUCKY NUMBER)
  • KING HANNAH – Tell Me Your Mind and I’ll Tell You Mine EP (CITY SLANG)
  • JULIEN APPALACHE – C’est comme ça EP (NEON NAPOLEON / PIAS)
  • EL PERRO DEL MAR – Free Land EP (MEMPHIS INDUSTRIES)
  • I AM A ROCKETSHIP – oRAnGE EP (auto prod)
  • PVA – Toner EP (NINJA TUNE / BIG DADA)
  • BINGO CLUB – Separated EP (FUZO)