Avec "Mariposário" d'Irmão Victor, "Locust Tree Lane" de Richard Allen ou "Flur" de Martin Kohlstedt, Magic a sélectionné les disques qui devraient égayer ce dernier week-end de novembre.
Irmão Victor – Mariposário
(POP SUPÉRETTE)
Ce disque a peu de chances d’illuminer votre week-end. Il a une bonne excuse : il ne sort que lundi. Et si nous lui concédons cette exception, c’est que nous faisons le pari qu’il vous aurait manqué au moment d’attaquer la semaine qui vient. Derrière Irmão Victor se cache un groupe, ou du moins un projet mené par un jeune multi-instrumentiste brésilien, Marco A. Benvegnù. Et si son deuxième album, Mariposário colle à la platine, c’est normal. Il y a, à chaque écoute de cette grosse dizaine de titres, cette sensation qu’ils nous tendent un profil différent. Un coup, c’est l’héritier facétieux du tropicália. L’autre, un laborantin pop. Puis un nostalgique des sérénades sixties. Impressionnant.
RICHARD ALLEN – Locust Tree Lane
(auto prod)
Toute la magie du parcours de Richard Allen est réunie dans Locust Tree Lane. Le Franco-Britannique a mûri. Il a laissé un peu derrière lui, les mélodies à la Nick Drake pour trouver ses propres sinuosités et aller fureter ailleurs, plus loin, et ramener ses chansons dans un territoire plus orchestré, grâce au compagnonnage de Sylvain Kenny Ruby, multi-instrumentiste plus capé, collaborateur de Sandra N’Kake, Guts ou Iggy Pop. Ses racines dans le folk et son revival, en passant notamment par Bert Jansch et Judee Sill, jusqu’à ses prolongements contemporains avec les Fleet Foxes, se subliment aujourd’hui grâce cette collaboration.
Martin Kohlstedt – Flur
(PARLOPHONE RECORDS / WARNER CLASSICS)
Martin Kohlstedt montrait dernièrement une tendance à aller vers les autres. Ströme (2019) avait inclus dans son champ un chœur et des détails électroniques. Développée tout au long de l’année, la série Reccurents avait pour principe de confier ses morceaux à l’imagination d’autres musiciens. Mais le confinement étant passé par là, le cinquième album du compositeur allemand renoue avec sa relation exclusive au piano. Dix pièces qui ouvrent autant de portes sur des petits mondes chuchotés, atmosphères de minutes périssables qui se visitent, par chance, à l’infini.
BOOTCHY TEMPLE – In Consummated Bloom
(HOWLIN’ BANANA)
Ces guitares qui se liquéfient, cette voix noyée dans l’écho… Depuis quatre albums, les (ex-)Bordelais de Bootchy Temple peaufinent un son qui engloutirait le Paisley Underground à la manière de l’Atlantide. Sur In Consummated Bloom, leur griffe n’a peut-être jamais été aussi proche d’un psychédélisme des grands fonds, où la mélancolie agrippe même leurs rêveries les plus bondissantes.
GENTLE DOM (ANDREW VANWYNGARDEN) – Fanta Se EP
(MGMT RECORDS)
Cet EP en solo de la moitié de MGMT pousse au maximum les curseurs de l’expérimentation. En quatre titres et deux remix, Andrew Vanwyngarden alias Gentle Dom explore des régions électroniques sauvages, presque arides, comme des extensions névrosées au si connu pont electro de la chanson Kids. Sans lumière, confinés, par moments confus, ces morceaux présentent l’état d’esprit ponctuel d’un artiste qui a le mal du dance floor.
YOUNG MARBLE GIANTS – Colossal Youth 40th Anniversary Edition
(réédition chez DOMINO RECORDS)
Prenez la pop britannique dans ce qu’elle a produit de plus insulaire. Passez-la à la loupe pour révéler tous ses particularismes locaux. Cherchez-y, enfin, la plus petite émanation possible. Voilà, vous avez sous les yeux Colossal Youth, le premier – et seul – album des Young Marble Giants. Débarqué en 1980 au cœur de la new wave, l’ovni du trio gallois allait, grâce à la place qu’il laisse au silence (voix, guitare, basse, orgue, et boîte à rythme y sont comme ratatinés chacun dans un coin), engendrer une descendance considérable adepte du less is more. Cette réédition permet à l’album de souffler ses quarante bougies en compagnie de petits bonus, épars eux aussi : un EP, un single, des morceaux rares issus de compilations et le live vidéo de leur tout dernier concert.
THE STRANGLERS – Peaches: The Very Best of The Stranglers
(réédition vinyle chez PARLOPHONE /EMI)
Au moment où le Covid-19 nous arrachait Dave Greenfield en mai dernier, Hugh Cornwell, chanteur et guitariste du groupe de 1974 à 1990, lui rendait hommage en rappelant que le clavier des Stranglers était “ce qui les distinguait de n’importe quel autre groupe punk”. Vérification par l’exemple avec cette compilation de 2002 éditée pour la première fois en vinyle. De sa course effrénée sur No More Heroes au scintillement baroque de Golden Brown, le jeu de Dave Greenfield était bien la garantie de leur indépendance esthétique.
SERGE GAINSBOURG – Back to Mono
(coffret chez UNIVERSAL)
La publication d’une intégrale de celui que Christophe Conte avait qualifié de “notre Beatles à nous” dans notre n°207 est un événement commercial plus qu’éditorial. Mais pour les audiophiles et les admirateurs ultimes de l’homme à la tête de chou, la parution de tous les albums studio de Serge Gainsbourg en version vinyle et mono, c’est-à-dire dans le jus de leur son des années cinquante et soixante, est un cadeau de Noël qui scintille. Le coffre couvre la période chanson, jazz et pop d’avant Melody Nelson, avec Du chant à la une, N°2, L’étonnant Serge Gainsbourg, N°4, Confidentiel, Percussions, Initials B.B., Jane Birkin et Serge Gainsbourg et un volume Bonus chansons de films et singles 1958 – 1970 qui n’est pas pour rien dans l’intérêt de ce coffret.
Mais rien ne vous empêche d’écouter aussi les autres sorties du jour :
- JUANA MOLINA – Live in Mexico (CRAMMED DISCS)
- ANE BRUN – How Beauty Holds the Hand of Sorrow (BALLOON RANGER RECORDINGS)
- CRAVEN FAULTS – Enclosures (THE LEAF LABEL)
- PEUR BLEUE – L’Étrange innocence des objets (GAMME PAR TON / GRAND MUSIQUE MANAGEMENT)
- THE SMASHING PUMPKINS – CYR (SUMERIAN RECORDS)
- V/A – Tokyo Dreaming (WEWANTSOUNDS / MODULOR)
- PIERRE RICHARD – Nuit à jour (MODULOR)
- JEAN-BAPTISTE SOULARD – Le Silence et l’eau (Le Renouveau) (HORIZON / UN PLAN SIMPLE / SONY)
- ADHELM – Yasam Rose (TAK:TIL / GLITTERBEAT / MODULOR)
- AMY WINEHOUSE – The Collection (coffret chez UNIVERSAL / PANTHÉON)
- PAUL WELLER – On Sunset Remixes EP (POLYDOR)
- LOU DOILLON – Look at Me Now EP (BARCLAY)
- SLIM & THE BEAST – Slim & The Beast Part II EP (auto prod)
- TIM BURGESS – Ascent of the Ascended EP (BELLA UNION / PIAS)
- HSRS – DNA EP (PIAS)
- CHRISTIAN LÖFFLER – Parallels Shellac Reworks EP (DEUTSCHE GRAMMOPHON)
- THE TWIN SOULS – II EP (SMOKY SUN RECORDS / ARCHIPEL)
- SABRINA BELLAOUEL – Libra EP (INFINÉ)
- GOTTS STREET PARK – Volume Two EP (BLUE FLOWERS)
- WONDERFLU – Bubblegum EP (INFLUENZA RECORDS)
- BURKINGYOUTH – Water EP (DIGITAL MOOD)