Avec "McCartney III" de Paul McCartney, l'EP "Time for a Rethink" de Serpent ou un 45-tours de Noël de The Reed Conservation Society, Magic a sélectionné la dernière poignée de sorties de 2020.
PAUL MCCARTNEY – McCartney III
(CAPITOL MUSIC)
Parce qu’il est est présenté comme le troisième volet de sa trilogie auto-titrée (après l’artisanal et domestique McCartney en 1970, et la récréation synthétique de McCartney II dix ans plus tard), ce McCartney nouveau charrie avec lui la mythologie de cette série : à savoir le plus grand songwriter pop qui s’impose d’être seul aux commandes et derrière chaque instrument. Cette configuration est en partie encore vraie ici, et cette aura démultipliée, plus un marketing et une narration bien rodés, concordent à en faire l’événement de cette fin d’année. Verdict ? À 78 ans, Sir Paul est à court de merveilles (on le savait) mais pas d’étincelles. Voici son disque le plus spontané depuis… longtemps. Sans les boursouflures de production ou les fausses bonnes idées qui handicapaient ses plus récentes réalisations. McCartney III ne prétend pas refaire le coup de la jeunesse retrouvée, pas plus qu’il ne se met en pilotage auto comme un vétéran dans ses chaussons. Un disque sec et fourmillant, plein d’un appétit renouvelé.
THE REED CONSERVATION SOCIETY – 45-tours de Noël
(MICROCULTURES)
De Beatles, il serait aussi question ici puisque la ligne de chant du titre d’ouverture, Funny Christmas, tient un peu du Piggies écrit par George Harrison (1968), avant de s’en éloigner. C’est que la pop baroque des Franciliens de The Reed Conservation Society sort, globalement, du même moule. Celui d’une musique lettrée à la joliesse sophistiquée. Après leur EP2 sorti en avril dernier, ce 45-tours trois titres (déjà distribué en édition physique limitée et désormais disponible sur toutes les plateformes) attise un peu plus le foyer de cette nostalgie aux suites d’accords ourlées.
SERPENT – Time for a Rethink EP
(LOWMAX)
Ils sont quelques-uns à avoir bâti leur post-punk sur cette formule. Les Talking Heads, évidemment, dans leur version frénétique et maboule. Le jeune Nick Cave, aussi, maître du dégivrage en cinq minutes chrono… Leur musique brûle comme un feu sous la glace. Serpent, le groupe fraîchement formé autour du Français (Mathieu) Lescop s’en rapproche aussi, mais à sa manière. Leur premier EP, Time for a Rethink, ménage cet équilibre fébrile en envoyant des rythmiques bouillantes sur des pistes verglacées.
BEVIN LUNA – Buchanan
(auto prod)
De Fort Collins, dans le Colorado, la songwriteuse Bevin Luna ne s’est jamais signalée sur notre radar. Mais, à faire paraître son troisième album (depuis 2015) dans le désert de sorties qui précède la période des fêtes, la voilà qui se détache plus facilement. Son folk-rock à guitare claire et précise (imaginez celles de Tom Petty et ses Heartbreakers dans leur version tradi) se double d’une voix charpentée mais légèrement voilée. Comme pour signifier qu’elle chante avec les esprits.
Mais rien ne vous empêche d’écouter aussi les autres sorties du jour :
- SHAKEN BOZEMEN – GLEN (Réédition / auto prod)
- MUDEYE. – Sound Chips (NB)
- AEPIC – Anfang und Ende (auto prod)
- JACK ENGDALL – Ambient Record (auto prod)
- KAREN ELSON – Radio Redhead Vol.1 EP (auto prod)
- KAFKA ESCOBAR – Lunar Lighthouse EP (auto prod)
- NUVEN – Unknown EP (BALACLAVA RECORDS)
- DEAN & BRITTA – Happy Xmas single [Remix par Sonic Boom] (DOUBLE FEATURE RECORDS)
