Marquée par la grande vitalité des artistes expérimentaux, à commencer par Sufjan Stevens, notre playlist des sorties du 9 avril fait aussi figurer Françoiz Breut, Delgres ou encore Ballake Sissoko.
MATTHEW E. WHITE & LONNIE HOLLEY
C’est la troisième fois qu’on vous place en playlist un extrait du travail commun de Matthew E. White et Lonnie Holley. Le compte-à-rebours vers leur album commun, Broken Mirror : A Selfie Reflection, s’achève ce 9 avril après plusieurs maxis savamment distillés. Entre le popeux anglais fondateur de Spacebomb Records et l’artiste multi-cartes américain (notamment sculpteur), la collaboration s’est engagée en 2019 et débouche sur cette musique hors-format, hypnotique et pour tout dire fascinante.
FRANÇOIZ BREUT
Sur Flux Fou de la Foule, Françoiz Breut écrit ses propres paroles pour la troisième fois de sa carrière discographique et libère sa musique dans un même mouvement. Marc Melia et Roméo Poirier donnent à son univers une dimension électronique et aérienne. On reste dans cet espace si précieux entre lumière et tourments, à l’image de l’œuvre proposée par l’illustratrice et musicienne française depuis 1997.
BALLAKÉ SISSOKO
La maître de la kora Ballaké Sissoko livre un Djourou plein de collaborations, notamment le joli duo de cette playlist avec Camille, ou Vêtement pour la lune plein de bravoure, en clôture du disque, joué avec Feu! Chatterton. On frôle souvent la magie – et c’est une deuxième sortie importante en deux semaines pour l’indispensable label NoFormat après Piers Faccini (voir notre revue des sorties de la semaine dernière).
DAMON LOCKS
Le deuxième album de Damon Locks et son Black Monument Ensemble (qui inclut Angel Bat Dawid et Ben LaMar Gay), Now, est un manifeste documentant les questions raciales aux États-Unis en 2021 avec une puissance remarquable et un foisonnement esthétique impressionnant.
SUFJAN STEVENS
Meditations est le dernier témoignage en date du travail du songwriter de génie qu’est Sufjan Stevens dans la musique contemporaine et expérimentale. C’est, nous est-il fait savoir, le premier volume de cinq parutions hebdomadaires formant l’œuvre globale Convocations, d’une durée de 2 heures 30, annoncée le 6 mai chez Asthmatic Kitty.
GRAND SOLEIL
Pach et Drich sont les deux frères aux commandes du duo Grand Soleil (photo de tête de cet article). Sur Human Error (Nowadays Records), premier album qui porte parfaitement son propos, Grand Soleil chronique l’espèce humaine qui signe sa propre perte avec des sonorités hip hop et electro.
JOSEPH SCHIANO DI LOMBO
Musique de niche est le premier album de Joseph Schiano di Lombo pour Cracki Records, une sonorité aux confluents de l’ambient, de l’electrio pop et des arts plastiques auxquels Joseph Schiano di Lombo se livre quand il n’est pas musicien
DELGRES
4:00 voit le trio Delgres passer avec succès l’étape du deuxième album, trois ans après Mo Jodi, qui avait installé dans le paysage cette musique tout-à-fait singulière entre blues rock, musique créole et protest songs. Delgres compacte encore davantage son son, s’aventure aux frontières de sa zone d’expression naturelle et conserve cette rage rentrée qui fait sa signature.
REQUIN CHAGRIN
Bye Bye Baby est le troisième album de Requin Chagrin, projet porté par Marion Brunetto depuis 2016. L’équilibre est toujours instable entre nostalgie eighties, mélancolie smithienne et mélodies de discutable variété. Bye Bye Baby cultive en somme les charmes et la fragilité de l’univers de Requin Chagrin.
FREDO VIOLA
My New Head est le dernier album du musicien et artiste multi-disciplinaire Fredo Viola, toujours exilé aux Etats-Unis dans la région de Woodstock. Une aventure entre bande-dessinée, musique de film et pop symphonique.
J FOERSTER & N KRAMMER
Habitat n’a rien à voir avec la bande-son (d’ascenseur ?) d’un magasin d’ameublement. Malgré tout, le propos des compositeurs Niklas Kramer et Joda Foerster est de procéder au design sonore imaginaire des pièces d’une construction de l’architecte Ettore Sottsass. Avec vue plongeante sur une électro-acoustique de précision.
MAX RICHTER
Voices 2 est la suite du disque présenté à l’été 2020 par le compositeur anglais Max Richter sur la Déclaration universelle des droits de l’homme (et présent dans nos 14 disques de l’été). Un disque pour le moins solennel, comme à l’habitude du maître du piano néo-classique, voire doté d’une forme de gravité, puisque les morceaux ont cette fois pour dominante les notes basses du clavier.
BALMORHEA
Le collectif américain Balmorhea est désormais publié par Deutsche Grammophon. Autant dire que le travail singulier du groupe américain, à l’origine d’un post-rock acoustique sans équivalent, s’inscrit dans le temps long. The Wind brille par son dépouillement et son inspiration onirique.
HÆLOS
Sur le maxi Somnun, le trio britannique HÆLOS ne masque rien des fortes influences que la scène néo-classique exerce sur lui. Probablement l’esthétique dominante de l’album qui succédera à Full Circle (2016) et Any Random Kindness (2019).
THE ORB
Abolition of the Royal Familia (Guillotine Mixes) est le titre pour le moins tranchant avec lequel The Orb livre en pâture à ses confrères douze morceaux pour un album de remixes. Voici ici Pervitin (The Saw Torture) par Violeta Vicci, comme échappé d’un B-sides de Godspeed You! Black Emperor.
BENNY SINGS
Tim van Berkestijn est le Néerlandais chevelu attachant qui officie sous le nom de Benny Sings et propose, depuis la dernière décennie, des mélodies accrocheuses sous forme de forte nostalgie pour les sonorités 70’s-80’s. Music est son deuxième album.
CLAMM
Punk is no dead. Chaque semaine ou presque nous en apporte la preuve dans cette playlist. La démonstration vient aujourd’hui du jeune trio australien Clamm, qui fait paraître son premier album, Beseech me, chez Meat Machine.
BROCKHAMPTON
ROADRUNNER NEW LIGHT: NEW MACHINE est le sixième album en quatre ans de BROCKHAMPTON, qui a promis un deuxième disque cette année – a priori le dernier pour le groupe de rap texan, selon Kevin Abstract. JPeg Mafia fait un featuring sur ce CHAIN ON.
UZUL
Evolve est le premier album solo d’Uzul, chez Jarring Effects. Un disque qui fait la synthèse de toutes les influences du musicien français, entre techno, drum n’ bass et hip-hop.
RAF RUNDELL
Heavenly Recording et [PIAS] font paraître le deuxième album de Raf Rundell, moitié des 2 Bears, le duo électronique qu’il formait avec Joe Goddard de Hot Chip. O. M. Days brille par sa diversité stylistique entre folk, néo-soul et disco – et non par une nostalgie des grandes années du Marseille de Tapie, rien à voir.
CHRISTINE OTT
Time to die : le titre du cinquième album de la compositrice française Christine Ott ne vous redonnera pas le moral en attendant le déconfinement, mais ces huit pièces conçues pour faire la jonction entre le monde des vivants et celui des morts brillent d’une sereine beauté.
YOSHINORI HAYASHI
Pulse of Defiance est le troisième album du compositeur tokyoïte Yoshinori Hayashi, désormais membre de l’écurie Smalltown Supersound, et architecte de sonorités abstraites entre techno, jazz et ambient.
FEMALE SPECIES
Encore une belle trouvaille du label de Chicago Numero Group. Tale of My Lost Love retrace l’œuvre enfouie des sœurs Vicki et Ronni Gossett qui, sous le nom de Female Species, ont débuté leur carrière à Whittier (Californie) en 1966, entre garage rock, country et sunshine pop.
ROGER FAKHR
Autre exhumation magnifique, signée Habibi Funk cette fois, celle du travail du songwriter libanais Roger Fakhr. L’homme avait quitté le Liban avant la guerre civile de 1976 pour y développer à Paris une musique mêlant son amour de la country américaine et ses influences natales. A découvrir dans une anthologie de 18 titres, Fine Anyway.
ROBERT COTTER
WeWantSounds et Modulor rééditent Missing You, l’album culte de Robert Cotter paru en 1976, rapidement devenu introuvable et remastérisé pour l’occasion. Le disque est notamment connu comme la première trace discographique de Chic – alors baptisé Big Apple Band – dont Cotter était le chanteur au côté de Nile Rodgers, Bernard Edwards, Tony Thompson et Robert Sabino.
JULIEN BOUDART
Nome Polycephale / Ancient and Modern Myths vol. 1 est le premier album solo de Julien Boudart, électronicien français qui se déploie de projet en projet depuis la fin des années 1990. Notre playlist se conclut par une séance de défrichage à quelques années lumières d’ici.