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Tarbes
La Féline
Kwaidan Records

Chronique : La Féline, tendre revenir

Pour ses trouvailles sonores et son sensible travail de mémoire, "Tarbes", quatrième album de La Féline, est le disque de la semaine de Magic du 14 octobre 2022.

Une note tenue, jouée sur la touche cassée d’un orgue électrique, ouvre le quatrième album de La Féline. Une voix, celle de l’interprète, autrice et compositrice Agnès Gayraud, s’élève et hésite entre parlé et chanté. Elle se confie et dévoile l’origine de Tarbes : l’impossibilité, en raison du long confinement de 2020, de retourner sur les terres où elle naquit, vécut sa jeunesse et où vieillissent aujourd’hui sa mère et son père. De l’impossibilité physique du trajet naît ce voyage intérieur, dans l’espace et le temps. De l’entrave découle, trois ans après Vie future, un nouveau coup de maître, un album dont les chansons toujours saisissent, parfois bouleversent et s’enchaînent avec un sens formidable de la narration. On y retrouve cette aptitude à brosser en un même mouvement, avec une fluidité que commandent la force d’une vision et la cohérence d’un son, des paysages générationnels tout en explorant, avec honnêteté et justesse, la plus intime veine. De son adolescence, Agnès Gayraud livre des éclats mnésiques tranchants, des concentrés d’expériences plutôt que des considérations larges ou le vague des sentiments : Le Garçon sur le toit, Je dansais allongée ou encore Place de Verdun s’ancrent dans des souvenirs précis, contés dans un style direct, aux mots sans concession et à la beauté toute nue – leur recueil dans les trois minutes et quelques du format pop en concentre la puissance, signe leur inscription éternelle dans la matière tendre de la mémoire.

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