"Fruit mûr", le premier album de Claire Redor, est une synthèse libre, poétique et fascinante des émotions intimes de sa créatrice.
Tu sors ton premier album, Fruit mûr, après deux maxis en dix ans de carrière. On ne sait pas grand-chose de toi. Ce fruit a-t-il dû beaucoup mûrir pour arriver jusqu’à nous et quel a été ton parcours jusqu’ici ?
Oui, ce fruit a pris le temps de mûrir, au rythme de la vie qui bouge et bouleverse – nouvel enfant, nouvelle famille, perte de mon père, nouveau lieu de vie, période Covid. Ces dix dernières années, j’ai beaucoup chanté et joué en duo avec Erwan Martinerie (au violoncelle) sur toutes sortes de scènes buissonnières (concerts privés, chapelles, bateaux, serres, galeries…). J’ai aussi eu la chance de collaborer avec Verone à l’occasion de leur dernier disque et en tournée. Centredumonde m’a également invitée à poser ma voix sur son EP The Sweet Kiss.
Dans le communiqué de presse qui accompagne l’album, tu cites Tom Waits : «Une chanson, si elle est bien faite, doit être un rêve». Cela convient totalement à ta musique très onirique. C’est quoi une chanson à la façon de Claire Redor ?
C’est un objet un peu mystérieux : il naît je-ne-sais-trop comment, et je reste surprise de son existence, doutant régulièrement qu’il a pu émerger de ma personne. C’est un objet qui n’obéit qu’au désir qu’il me soit personnel et beau. C’est le portrait d’une émotion, le tableau d’une sensation, le très court métrage d’un sentiment.