Baptiste W. Hamon (Paris Lonestar Club) bannière
© Thibaut Saez

Son single "J’connais des gens" sorti fin juin annonce un EP pour la rentrée – qui annonce lui-même un quatrième album pour 2025. À quelques jours de son concert aux Francofolies de La Rochelle avec le collectif Paris Lonestar Club jeudi 11 juillet – et presque dix ans après être passé par le dispositif du Chantiers des Francos, pépinière de talents –, il nous a semblé intéressant de dresser un premier bilan du parcours singulier de Baptiste W. Hamon, de parler des titres de cet EP à venir, de ses prochains projets et de son amour évident pour la country.

Il y a une dizaine d’années je commençais à chroniquer tes premiers EP et j’étais là au tout début quand tu as commencé sur scène. On regarde un peu dans le rétroviseur ?

J’ai de très bons souvenirs de cette période avec des premières parties que j’ai pu faire pour Pierre Lapointe ou encore Michel Jonasz. J’entrouvrais la porte du milieu musical et c’était assez excitant. Dix ans après, je me produis avec le Paris Lonestar Club. J’y étais aussi l’année dernière où j’ai rodé ce set en mode jam avec notamment Elliott Murphy qui nous a rejoints. Que de bons souvenirs aux Francofolies.

Nouvel EP, nouvel album ?

Oui. J’y vais par étapes. J’ai enregistré des chansons ces derniers mois en me décidant d’aller à 100 % dans ce que j’aime, la country. J’ai toujours revendiqué des influences folk, americana, mais là j’ai eu ce besoin d’un retour au source. La country c’est très vaste. On la connaît assez peu en France. J’ai voulu faire un disque inspiré de la musique honky tonk, celle qui se joue dans les bars, qui est dansante. Donc, j’ai voulu cet album complètement country. Et à vrai dire, en me renseignant, je me suis rendu compte qu’il n’existe pas d’album 100 % country en français. J’ai donc décidé de sauter le pas. J’aimerais le sortir en 2025.

Sur cet EP où l’on trouve des chansons au format assez court, il y a ce premier single J’connais des gens. Tu y chantes : «Y en a qui se disent poètes / Moi ça me fait rire mais je dirais rien». Fais-tu allusion à l’industrie musicale ?

Il y a beaucoup de second degré ! C’est une chanson qui a été écrite sans frustration ni hargne. Il n’y a rien de vraiment très précis quand je l’ai écrite même si j’ai sans doute été influencé par ce que j’ai pu vivre en croisant des gens qui font les malins et qui devraient très souvent s’abstenir. Je n’ai pensé à personne en particulier. Par contre j’aime bien l’idée de me dire qu’en l’écoutant on peut penser à quelqu’un ou à une situation.

Je trouve ça hyper intéressant que Beyoncé se réapproprie la musique country. Ça permet de montrer que ça n’est pas de la musique de Blancs réacs. Elle est texane et a grandi avec et ça parle aussi aux Noirs et aux minorités

Baptiste W. Hamon
Baptiste W. Hamon (Paris Lonestar Club) 2
© Thibaut Saez

Tu es une sorte de passeur, de pédagogue de la musique country sur les réseaux sociaux. Tu fais découvrir des textes du répertoire country en les interprétant en français. D’où te vient ce besoin de transmission ?

C’est un chanteur country qui m’a donné envie d’écrire des chansons. C’est aussi l’un des plus grands poètes de la musique américaine. C’est Townes Van Zandt. J’ai découvert la country grâce à lui. Et je me suis vite rendu compte qu’en France on la connaissait très mal. Qu’on avait d’énormes préjugés dessus sans imaginer qu’elle pouvait être poétique, très profonde et intellectuelle. Or, c’est par le biais du songwriting et des poètes de la country que je suis entré dans cette musique. Et donc à l’époque je me rends vite compte de l’image dégradée qu’elle a et ce qu’elle est réellement. Je me suis rendu compte de la grande variété de cette musique, aussi large que ce qu’on appelle chanson française en fait. J’ai de très bons retours sur ce que je poste sur les réseaux. En les traduisant je permets à des personnes de comprendre les textes. J’essaie d’être le plus fidèle possible dans la traduction. Tu vois, tout le monde connaît Dolly Parton. C’est une écrivaine de chanson extraordinaire. On parle plus souvent de son apparence que de ses talents d’écriture. Je veux que les gens s’en rendent compte.

C’est par le biais du songwriting et des poètes de la country que je suis entré dans cette musique. Et à l’époque je me rends vite compte de l’image dégradée qu’elle a et ce qu’elle est réellement

Baptiste W. Hamon
Baptiste W. Hamon (Paris Lonestar Club) 3
© Thibaut Saez

Sur ton Ep il y a aussi le titre Oh que j’aime la musique country où tu dis qu’on se fout de ta gueule. C’est toujours vrai ? Tu te sens seul par moment ?

Bien sûr. Ça continue. La country suscite le sourire, le rire, alors qu’elle est tellement riche. Il y a toujours eu différents pans de la country. Il y a la country mainstream qui m’intéresse un peu moins, et puis il y a des mouvements contestataires qui m’intéressent davantage, notamment le mouvement outlaw des années 1970. C’était des gars qui refusaient le diktat imposé par l’industrie musicale de Nashville. La plupart était texans. Ils sont retournés là-bas. Ils voulaient enregistrer des disques avec leurs copains dans leur propre studio et quitter tous les réalisateurs de Nashville qui font le même son pour tout le monde. C’est revenu il y a dix-quinze ans. Des artistes ont alerté les maisons de disques de la standardisation du son, avec souvent un discours assez politique pour les droits des minorités, plutôt à gauche, qui a surpris les gens. Il y a toujours eu des courants très progressistes dans la musique country. Ça a changé l’image de cette musique, surtout pour les gens du nord du pays qui ne la connaissent pas beaucoup. Pour revenir à ta question, je me sens sans doute un peu seul mais je ne suis pas triste. Je connais beaucoup d’amateurs de country et de formations. Je pense à Sammy Decoster, à La Maison Tellier… Mais des Français qui font de purs albums de country il n’y en a pas. C’est la musique qui me passionne depuis longtemps. On m’a déconseillé de me lancer là-dedans parce que ça ne marcherait pas en France. Sauf que moi c’est cette musique qui me fait vibrer… L’idée d’être un passeur me plaît bien, mais je veux aussi écrire mes chansons et raconter mes expériences. Je ne fais pas que du pastiche en français. Néanmoins, je veux utiliser les codes musicaux de la country pour faire passer mes textes, ma vision et ma sensibilité.

Des Français qui font de purs albums de country il n’y en a pas

Baptiste W. Hamon

Tu as sorti en avril dernier un album de sessions enregistrées à Austin. Tu gardes d’excellents souvenirs de tes voyages au Texas je présume. C’est un peu l’ambiance que nous allons retrouver lors de ton prochain concert aux Francofolies ?

Je débarque à Austin en 2007. J’ai 21 ans. J’arrive dans un bar honky tonk plein de jeunes habillés en cow-boys qui dansent sur une musique que je trouvais fabuleuse. J’avais des frissons. Ça danse de partout, les gens sont sympas, même si ça sent un peu la canaille. J’ai voulu reproduire un peu l’ambiance de ce bar avec le super groupe Paris Lonestar Club. Nous avons fait une dizaine de concerts à L’International [Paris XIe, ndlr] où on a touché des amateurs de country mais aussi des gens qui n’avaient jamais entendu cette musique sur scène et qui sont revenus nous voir parce que la country c’est très festif, les chansons sont bonnes et accessibles – et je ne m’envoie pas de fleurs puisque ce ne sont que des reprises de grandes chansons du répertoire country ! C’est dansant et la country pour moi ça rend heureux. Pour le concert du 11 juillet à La Rochelle pour les Francofolies, nous allons faire des reprises, des chansons de mon EP et des disques précédents qui sont country. J’affine un peu le concept en présentant mes chansons et en parlant aussi de cette musique tout en reprenant les très grands classiques, même s’ils sont encore très largement méconnus en France.  Nous serons six sur scène et on a vraiment envie de faire une grande fête. Je chanterai avec ma camarade Claire qui a comme nom de scène Domino Lewis. On se partage les chansons avec Claire. Ça permet d’avoir un panel de chansons intéressantes. Ce sont pour la plupart des chansons de fêtes. On va faire participer le public en les faisant chanter. Ce sera une sorte de petit voyage à travers cette musique qu’on va présenter de manière tout à fait simple et ludique. Three chords and the truth !

En concert avec le Paris Lonestar Club le jeudi 11 juillet aux Francofolies de La Rochelle.

Un autre long format ?