Se tenant à Lorient du 1er au 11 novembre prochain, le festival Les IndisciplinéEs ramène dans ses filets une programmation pointue qui vaut définitivement le détour par la cité portuaire bretonne. Voilà cinq exemples qui le prouvent.
Porridge Radio
Magic bimestriel numéro 221, paru en janvier 2020 – dans un autre espace-temps. Dans la rubrique « presque célèbre », on couronnait le premier album « professionnel » de Porridge Radio, après plusieurs tentatives enregistrées avec les moyens du bord. Quatre ans plus tard, Dana Margolin est toujours là, avec ses Porridge Radio, toujours presque célèbre et, surtout, toujours enchanteresse. En trois LPs publiés chez Secretly Canadian, le groupe originaire de Brighton perpétue avec grandeur l’art d’une certaine mélancolie, typiquement anglaise et typiquement indie. Et Clouds In The Sky They Will Always Be There For Me, paru ce 18 octobre 2024, semble en être le nouveau sommet. Guitares hurlantes et cendres fumantes de relations passées vous attendent le 2 novembre à l’Hydrophone.
Corridor
Instant confession pas si niche : Corridor est mon groupe québécois préféré. Textes alambiqués et guitares enchevêtrées font toujours très bon ménage chez moi, et la jangle-pop presque algorithmique mais toujours décontractée des Montréalais y contribue largement. Cinq ans après Junior, album qui a fait de Corridor le premier groupe francophone à signer chez Sub Pop, Mimi – c’est le nom du chat qui orne la pochette – marque leur retour en grâce, avec des influences plus larges et des textes toujours impeccables. Le tout est empreint de cet équilibre fragile entre détachement et angoisse face aux tracas de l’existence. Une demi-décennie après leur dernière date en France, inutile de dire qu’on a hâte de les retrouver sur scène.
C Turtle
Oui, d’accord, encore un groupe à guitares, de Londres qui plus est, et qui semble tout droit sorti d’une école d’art branchée. Mais que voulez-vous, on n’y peut rien si la capitale anglaise continue de produire autant de pépites qu’une mine d’or du Yukon au XIXe siècle. C Turtle mérite en tout cas de briller davantage, en dépit d’un Expensive Thrills qui est passé un peu inaperçu par chez nous, alors qu’il est, franchement, excellent. Qualifiant leur musique de “fuzzy jumper rock” – parce qu’elle gratte autant que les pulls achetés en friperie – les C Turtle, upcycleurs musicaux, redonnent vie à Pavement, My Bloody Valentine et Galaxie 500. Ramener ces tortues de mer à bon port : une superbe prise pour Les IndisciplinéEs.
Trainfantome
Jouer à domicile comporte plusieurs avantages : soutien des supporters, connaissance du terrain, réduction de la fatigue liée aux déplacements, et avantages psychologiques. Bon, ça, c’est pour le foot, mais il en va de même pour la musique. Autant de bénéfices dont pourra profiter Trainfantome en montant sur la scène de l’Hydrophone, un lieu familier pour le groupe mené par Olivier Le Tohic. Avec son grunge aux accents portuaires, produit par d’anciens membres de certains des groupes les plus éminents du Grand Ouest (on pense aux Slow Sliders et à Bantam Lyons), la formation soutenue par Howlin’ Banana assurera brillamment la première partie de Porridge Radio, mentionné plus haut.
Anastasia Coope
Anastasia Coope n’a que 21 ans, mais son Darning Woman, premier album paru à la fin du mois de mai, prouve qu’elle a déjà tout d’une grande – sur le plan musical, du moins. Il y a du Animal Collective dans ces chœurs qui s’entremêlent dans une douce cacophonie et dans «ces vocalises spectrales qui se chevauchent façon mille-feuilles de bonheur et de perdition», comme nous l’écrivions dans notre chronique. Animal Collective, certes, mais bien plus minimaliste instrumentalement parlant – une guitare, un piano et quelques bidules ça et là –, de quoi tisser une folk inspirée par Brigitte Fontaine et Adrianne Lenker. Et après avoir enchanté le Hop Pop Hop Festival en septembre dernier, elle s’apprête à faire de même lors de cette 19ème édition des IndisciplinéEs.
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