Officiellement jamais dissous, à priori porteur d'un quatrième disque en gestation depuis 2010, le trio de Bristol a-t-il un futur en 2024 ? La parution récente du premier album solo de Beth Gibbons et du quatrième album de BEAK> posent la question.
La même semaine ou presque, le rayon nouveautés a fait coexister le premier album solo de Beth Gibbons (la chanteuse de Portishead) et le quatrième album de BEAK> (le groupe de Geoff Barrow, cofondateur de Portishead). Groupe culte des années 1990 – qui figurera forcément en bonne place dans notre anthologie consacrée à la période en cours de financement –, Portishead est aussi revenu dans l’actu avec son propre nom, mais pas de la façon que nous imaginions.
À défaut de quatrième album, Portishead, le groupe qui a révélé Beth Gibbons, est revenu dans l’actualité discographique avec la réédition de son Roseland NYC Live, le concert mythique donné par le trio avec 28 musiciens additionnels le 24 juillet 1997 à New York et paru sur disque le 2 novembre 1998.
Cinq titres de plus figurent sur cette édition double vinyle : Undenied, Numb et Western Eyes, ainsi que Sour Times et Roads qui, étrangement, avaient été proposés à l’époque dans deux versions enregistrées lors des tournées de 1998.
Portishead existe-t-il ?
S’il satisfait notre fétichisme et nourrit notre nostalgie pour les années 1990, cet événement renforce le statut de mirage que constitue désormais un hypothétique nouvel album studio de Portishead après Dummy (1994), Portishead (1997) et Third (2008), trois merveilleux chef-d’œuvres qui placent une pression peut-être trop forte sur leur successeur.
Portishead, d’ailleurs, existe-t-il encore ? Il n’y a pas de réel moyen de le savoir puisque Beth Gibbons ne donne pas d’interview et puisque celles qu’il est possible d’avoir avec Geoff Barrow et Adrian Utley ont pour condition l’absence de question sur le trio de Bristol.
La reformation éphémère, sur scène, en avril 2022 pour un concert de levée de fonds pour l’Ukraine, enseigne que le groupe existe au moins en fil rouge dans l’esprit des musiciens qui, alors, n’avaient plus joué sur scène depuis 2015 mais avaient su rendre justice à leur mythe.
Les Portishead ne s’aventuraient déjà plus à évoquer ce quatrième album dont l’imminence a été annoncée plusieurs fois entre 2010 et 2014, Utley ayant assuré en 2008 que Portishead ne mettrait cette fois pas onze ans à enregistrer un nouveau disque – nous en sommes à quatorze – puis, en 2014, que les trois artistes avaient croisé leur agenda pour entrer enfin en studio. Mais pas nouvelles depuis.
À défaut d’émerger à nouveau dans le trio qui leur a donné gloire, aisance matérielle et notoriété, Beth Gibbons, Geoff Barrow et Adrian Utley créent avec une discrétion qui sied davantage à leur tempérament.
Geoff Barrow revient avec son trio BEAK>, qui constitue son principal projet depuis Portishead après une grosse activité de composition pour l’image avec Ben Salisbury. Adrian Utley est un producteur recherché, qui a notamment aidé Sorry à se faire un nom. Sa dernière activité connue est un disque expérimental en trio paru sur cassette cette année avec Alessandra Novaga et Stefano Pilia sous le nom de Spiralis Aurea Trio.