([PIAS] Le Label)
Enfin Le Grand Retour, comme il le chantait lui-même il y a douze ans ? Encore aurait-il fallu qu’il s’en aille réellement. Or, même s’il n’a pas publié de véritable album depuis Le Plaisir (2003), Alain Chamfort n’a cessé de s’affirmer pendant cette dernière décennie comme l’un des points de référence les plus incontournables et omniprésents de la pop francophone.
Un concert mémorable dans les jardins du Luxembourg en 2005 et la publication de l’intégrale de ses œuvres ont ainsi contribué à la juste reconnaissance d’un des talents les plus sous-estimés et les plus atypiques à avoir émergé du marigot trouble de la variété hexagonale des années 70.
Anti-Schnock par excellence, Chamfort reprend comme si de rien n’était le fil d’un propos dépourvu de la moindre trace de nostalgie rétrograde ou de complaisance à l’égard de son propre passé. Avec une indéfectible élégance, il présente une nouvelle série de déclinaisons autour de ses thèmes romantiques ou existentiels de prédilection, tantôt sur un mode léger et ludique (le single Joy), parfois avec davantage de majesté (Le Diable Est Une Blonde).
Une continuité dans l’excellence également garantie par la présence du fidèle parolier Jacques Duvall, mais aussi par les interventions judicieuses de Frédéric Lo (Daniel Darc, Stephan Eicher) qui signe ici un travail de réalisation musicale toujours très sobre.
Il juxtapose harmonieusement des éléments sonores emblématiques des décennies successivement traversées par le chanteur de Manureva : les orchestrations rétrofuturistes des bandes originales des années 70 sur Où Es-Tu ?, interprété en duo avec Charlotte Rampling, les synthétiseurs sautillants et presque désuets ou les guitares funk résolument 80’s de L’Amour N’Est Pas Un Sport Individuel, sans oublier le trip hop atmosphérique de Jamais Je T’Aime.
Autant d’ingrédients qui contribuent paradoxalement à conférer une modernité toujours aussi épatante à cette belle preuve de la vitalité intacte d’un grand monsieur aux éternelles allures de jeune homme.