Altin Gün : La Route du Rock en plein âge d'or

Le groupe turco-néerlandais Altin Gün a donné de loin le meilleur concert de la journée du 16 août à la Route du Rock 2019. Une épiphanie rock pour nous rappeler cette Turquie qu’on oublie. 

Aujourd’hui quand on évoque la Turquie, c’est rarement pour en faire les louanges et bien trop souvent par le prisme de son président controversé, Recep Tayip Erdogan. Heureusement, Altin Gün nous rappelle sans cesse que la Turquie est un grand pays de culture et de liberté créative. Les voir jouer live en est une formidable démonstration et les festivaliers de la Route du Rock vous le confirmeront tous. La formation menée par Jasper Verhulst a été le meilleur concert de la deuxième journée de la 29e édition du festival malouin 2019.
La foule a très brièvement été surprise d’assister à un tel déferlement d’énergie généreuse. Ce n’est pas exactement ce qu’on attend d’un groupe dont l’identité est construite autour d’un projet de « revival » du rock psyché anatolien de la fin des années 1960 et du début des années 1970, en particulier d’un âge d’or – d’où leur nom en turc – dont le héros fut Erkin Koray. Revival dans leur cas est carrément mensonger tant leur musique est de première fraîcheur. C’est excellent sur album (déjà deux à leur actif On en 2018 et Gece en 2019). C’est génial en live.

Pluie de festivaliers

Tout du long de son concert, la formation gracile enchaîne les versions les plus pêchues de leurs titres Süpürgesi Yoncadan, Goca Dünya, Leyla. Ils ont d’ailleurs en commun avec Tame Impala de composer des albums qui ne sont rien d’autres que des compilations de tubes, de hit, de « bangers » même, comme l’ont bien compris les plus engagés des festivaliers qui se sont laissé prendre au jeu de cette fougue communicative. Regardez le replay Arte Concert, c’était incroyable. À la fin, ce n’est plus de la pluie qui nous tombe dessus, mais bien des festivaliers en furie catapultés par les slams.
https://www.youtube.com/watch?v=P3eLKybkKs8
La chanteuseMerve Dasdemir n’en revenait pas. À un moment, la foule fascinait autant le groupe que celui-ci la faisait voyager. Car nul besoin de comprendre le turc pour saisir toute la poésie de cette langue. Et si on évoque souvent le bassiste Jasper Verhulst – dont le groove tellurique et implacable n’est pas sans rappeler The Chase de Moroder, morceau phare du film Midnight Express sur les geôles turques (un hasard ?) – reste que le chanteur Erdinç Yıldız Ecevit et la chanteuse Merve Daşdemir, turcs, constituent le point d’ancrage musical du groupe. Ils sont beaux, brillants et libres et ont été d’admirables émissaires de la Turquie au festival breton.
Benjamin Pietrapiana (à Saint-Malo)
 

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