Depuis qu’à l’âge de cinq ans, il consacra sa première composition officiellement recensée aux états d’âme imaginaires d’un conducteur de train sentant sa mort prochaine, Gruff Rhys a toujours manifesté des ressources créatives surprenantes et un chic improbable pour transformer les concepts les plus foireux en fresques musicales tragicomiques à la splendeur insoupçonnée. Ainsi en est-il de ce quatrième album solo qui se présente comme le volet musical d’un ambitieux projet multimédia destiné à retracer les étapes d’un road trip initiatique au cours duquel l’ancien leader de Super Furry Animals s’est lancé sur les traces de son lointain ancêtre John Evans, parti en 1792 à la recherche d’une tribu perdue d’Amérindiens parlant le gallois (sic).
Si l’anecdote originelle a de quoi faire sourire, son intérêt principal reste de servir de prétexte à l’enregistrement de treize nouveaux titres caractérisés par une agilité mélodique et une forme de légèreté gracieuse toujours aussi irréprochables. Gruff Rhys alterne comme à son habitude entre cavalcades folk rock (100 Unread Messages), somptueuses ballades californiennes (Liberty (Is Where We’ll Be)) et bricolages plus synthétiques (The Last Conquistador). Semblable à ces conteurs captivés eux-mêmes par la force évocatrice et communicative de leur récit, il parvient sans peine à nous entraîner tout au long de ce parcours musical en terres américaines qui replace la pop au centre de l’épopée. Emporté par son enthousiasme, on serait presque prêt à jurer avoir entendu des Sioux chanter dans la langue de Perceval.
> Gruff Rhys sera en concert ce mercredi 15 octobre au Point Éphémère (Paris) à l’occasion de notre soirée BimBamBoom avec Swearing At Motorists pour compléter l’affiche.
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