Avec Primates de Baston, Exit de Picastro, La Marche des morts d'Embrasse moi, la réédition de Comateens et le mini-documentaire de The National, Magic vous a sélectionné les sorties importantes de ce vendredi 29 novembre 2019.
BASTON – Primates
(HOWLIN BANANA RECORDS)
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Avec ce premier album, le trio, garage dans le son mais pop dans l’âme (reprise bien sentie des Beach Boys à l’appui), devenu quartette semble nous dire que non, ce blase n’est finalement pas une blague. Au moins le temps de Viande, remake de Faites entrer l’accusé (une voix off décrit d’atroces crimes) sur une variation orientalo-psyché. Pour nous faire cheminer vers ce titre définitif, point final du disque, les Nanto-Brestois bichonnent le krautrock dans leur garage (K2 et Primates, dignes de Neu!), la mélodie pop jamais au point mort (Arnhem, parfait inédit de Beach Fossils). Mais surtout, c’est dans la ballade shoegaze, le chant noyé dans un épais brouillard de guitares réverbérées, que les pacifistes démasqués excellent désormais : superbes Transept et Achilles, à placer non loin du plus langoureux The Jesus and Mary Chain.
PICASTRO – Exit
(SLEEPING GIANT GLOSSOLALIA)
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La Canadienne Liz Hysen distille depuis plus de vingt ans une musique très personnelle, à mi-chemin entre le slowcore, le post-rock et l’esthétique habitée du label Constellation – dont elle ne fait pas partie. Pour son premier disque en cinq ans, elle laisse ici la voix lead à différents confrères (surtout) et consœur (une seule) de la scène canadienne. Ils se faufilent dans l’étrangeté crépusculaire de Liz Hysen avec tact et personnalité. Un magnifique voyage d’automne.
EMBRASSE MOI – La Marche des morts EP
(TFT LABEL)
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C’est probablement pour cela qu’on les aime. Il y a de la magie chez Embrasse Moi. Et aujourd’hui, elle est noire. Le duo caennais composé d’Antoine Simoni et Emmanuelle Hadjadj nous revient avec un quatre-titres. Ils virevoltent sur le versant sinistre de leur pop hors format, et proposent une lecture occulte (Tout me paraît, Batifoler) du presque anodin. On en attendait peut-être un peu plus de la part des auteurs du disque foutraque, brillant et intrépide que fut leur premier album éponyme paru en 2018 (coup de coeur de notre numéro 209), mais cet effet – froid dans le dos et chaud aux oreilles – est aussi insolite que précieux.
COMATEENS – Comateens, Pictures on a String et Deal With It [Deluxe]
(TRICATEL)
À ceux d’entre vous qui voudraient limiter The Comateens à un tube indie pop d’un autre temps avec Don’t Come Back (1984), cette réédition de leur discographie par le label (de Bertrand Burgalat) Tricatel offre la possibilité de réévaluer un groupe mésestimé. Évoquer les Comateens, c’est se souvenir de l’Amérique de la fin des années 1970 et du début des années 1980, de ces jeunes modernes qui tentent de construire une musique qui s’éloigne du punk et invente les codes d’une new wave sans trop de points communs avec celle des cousins anglais. Moins sombre et volontiers plus funky, la musique des Comateens ose le jeu des fusions là où le rock anglais de l’époque reste parfois dans un entre-soi confortable. Le temps de ces trois disques, c’est l’énergie et l’exaltation du New York de l’époque que le groupe parvient à traduire. Souvent visionnaires, The Comateens savent respirer l’air du temps et le foisonnement de la ville en ébullition. Prenez par exemple Get Off My Case extrait de Picture on a String (1983) et son phrasé presque hip-hop. Ce savant mélange de références passées (l’omniprésence de la soul et des sixties dans leur musique) et l’exploration de sons inédits fait la modernité des Comateens.
BEAT HAPPENING – We Are Beat Happening (7 x LP)
(DOMINO RECORDS)
Sur le premier album du trio d’Olympia, (Beat Happening, 1985), Calvin Johnson chante de sa voix grave, borderline entre faux et un peu moins faux, “We are bad seeds”. Avec Heather Lewis (batterie primitive) et Bret Lunsford (guitares sommaires), le futur fondateur de K Records (qui révéla Beck, entre autres) reprenait ainsi l’antienne adolescente de la révolte contre l’autorité (les conservatoires) et les institutions (les majors) pour annoncer une nouvelle façon d’être punk, dans l’innocence et l’amateurisme du DIY et de la lo-fi. Ce coffret de leurs sept albums montre le chemin parcouru depuis leurs premières compos enfantines (entre Velvet et Shaggs, bientôt twee-pop) jusqu’aux multipistes électriques de You Turn Me On (1992). Spontanéité, sincérité et indépendance resteront toutefois comme les éternels mots d’ordre d’un des groupes les plus influents du rock indie des nineties, de Kurt Cobain aux riot grrrls.
The National – Juicy Sonic Magic
(Mini-docu de 10 minutes réalisé par David DuBois)
Avant que tous les concerts soient filmés avec les smartphones de la foule, un homme, Mike “The Mike” Millard enregistrait dès les 1970 des concerts de sommités tels Led Zeppelin, Pink Floyd ou encore les Rolling Stones. À l’occasion de la sortie d’un album live sur cassette paru le 25 septembre, inspiré de ses techniques d’enregistrement David DuBois explore dans ce mini-documentaire la méthode de The Mike et sa “juicy sonic magic”.
Mais rien ne vous empêche d’écouter aussi les autres sorties du jour :
JACK PEÑATE – After You (XL Recordings)
OS NOCTÂMBULOS – Silence Kills (Stolen Body Records)
PIP BLOM – Boat [Deluxe] (Heavenly Recordings)
DUCKS UNLIMITED – Get Bleak Bobo (Integral)
PINK FLOYD – The Later Years 1987-2019 (Pink Floyd Records)
FRANK ZAPPA – Peaches En Regalia (EP) (UMe)
PRINCE – 1999 [Edition super deluxe] (The Prince Estate-NPG Records/Warner Music)
ICI DIX-SEPT – II (EP) (Archi records)
THE PREFECTS – Going Through The Motions (Fire Records)
ARCHE – Le A (Autoproduit/Believe Music)
BURKINGYOUTH – Fire (EP) (Digital Mood)
PINK SHABAB – Ema By The Sea (Karaoka Talk)
MATT MALTESE – Krystal (sevenfoursevensix)
JESPER LINDELL – Everyday Dreams (Alive Records)