Bye bye les chansons timides en bord de piste. Coutumier des pop songs enjouées, jamais Belle And Sebastian n’avait aussi ouvertement foncé sur le dancefloor. Mais Girls In Peacetime Want To Dance n’est pas réductible à cette seule (boule à) facette, on y retrouve également le charme suranné des mélodies d’autrefois et un sous-texte politique en prise avec l’époque. Stuart Murdoch et Stevie Jackson s’en expliquent. Plus ou moins.

ARTICLE Thibaut Allemand
PHOTOGRAPHIES Julien BourgeoisL’an prochain, Belle And Sebastian pourra dignement célébrer la sortie de son premier LP (Tigermilk, 1996). Peut-être la troupe le reprendra-t-elle sur les planches en intégralité, un passage quasi obligé ces temps-ci. Après tout, les Écossais avaient déjà rejoué If You’re Feeling Sinister (1996) au Barbican en 2005. Nous n’en sommes pas encore là, mais ce proche anniversaire est l’occasion de se souvenir des débuts de la bande de Glasgow. À l’époque, et jusque dans ces pages, beaucoup les réduisaient à des petites choses fragiles largement surestimées.

Pourtant, leurs trois premiers albums constituent l’un des plus beaux tiercés gagnants de la fin du XXe siècle. Les temps ont changé et la mue s’est opérée en deux disques fondateurs. Dear Catastrophe Waitress (2003) d’abord, pour lequel le groupe s’était adjoint les services de l’ex-Yes et ex-Buggles Trevor Horn. Puis un chef-d’œuvre nommé The Life Pursuit (2006), aboutissement d’une (brillante) carrière. En 2010, Write About Love, avec sa pochette pastel et ses chansonnettes bancales, constitua un retour aux sources un peu raté. Alors on attendait beaucoup de Girls In Peacetime Want To Dance. Et on n’est pas déçu, au contraire. Au moment de rencontrer Stuart Murdoch et Stevie Jackson, on s’interroge. Qu’ont-ils fait depuis quatre ans ? “Ces années sont passées… comme ça !”, répond Jackson en claquant des doigts.

Effectivement, Stevie était sur tous les fronts, signant un essai en solitaire (le très recommandable (I Can’t Get No) Stevie Jackson, 2011), accompagnant Russian Red en studio ou The Vaselines en tournée. “Je t’épargne les changements de management ou de label”, poursuit le binoclard dans un sourire. “En 2013, nous avons donné quelques concerts avec Belle And Sebastian, histoire de gagner notre vie. Puis nous sommes rentrés en studio. Chris Geddes et moi-même avons aussi géré les rééditions vinyles de notre catalogue – d’ailleurs, avec le recul, je ne changerais rien, tout sonne bien, Même Fold Your Hands Child, You Walk Like A Peasant (2000), sur lequel j’ai longtemps eu des réserves. J’étais également producteur exécutif de God Help The Girl, le film que nous avons tourné en 2012. Mais ça, c’était surtout l’affaire de Stuart.”Un coup d’essai cinématographique en forme de coup de maître. God Help The Girl est une fausse bluette adolescente qui nous renvoie à nos vertes années et dont la narration relève de l’impressionnisme maîtrisé. “Vous les Français, vous comprenez”, s’enthousiasme Stuart Murdoch.

“En Grande-Bretagne, personne ne l’a vraiment saisi. Même ma propre mère m’a dit : « Tu aurais pu écrire une histoire quand même ! » (Rires.) Bon, invoquer l’impressionnisme peut me servir d’alibi pour l’absence de véritable intrigue, mais cette comédie musicale dépeint l’été de trois jeunes gens. J’ai toujours dit aux comédiens : « Voyez-le comme un rêve. » Le film n’est pas autobiographique, mais c’est l’été que j’aurais aimé connaître à leur âge.”

Murdoch n’avait aucune connaissance technique. “Mais quand tu sais ce que tu veux, ce n’est pas difficile. J’avais beaucoup pensé aux décors et à la lumière en amont afin de me concentrer sur la direction d’acteurs lors du tournage. Or tout ceci ne représente que 1% du temps comparé à l’écriture, à la réécriture, à la ré-réécriture, au casting, à réunir l’argent, puis l’équipe… Nous avons finalement tourné en cinq semaines et les six mois suivants furent consacrés au montage, à l’ajout de la musique, des voix off. Enfin vient le temps de la négociation, de la promotion… Je n’avais pas signé pour tout ça, mais il fallait bien s’en occuper si je voulais que le film sorte. Truffaut comparait la réalisation d’un film à un voyage dans le Far West. C’est beau, dépaysant, impressionnant, mais tu finis par te retrouver coincé entre des cow-boys et des indiens et tu essaies de t’en sortir vivant !”La réalisation de God Help The Girl a-t-elle influencé l’écriture de votre neuvième album ?

Stuart Murdoch : Pas vraiment. Nous avons attaqué sa composition dès que le montage de God Help The Girl a été achevé. Le changement de cadre était motivant, je voulais du neuf, laisser le film derrière moi et retrouver le groupe.

Un groupe amputé d’un membre puisque Mick Cooke est parti. Pourquoi ?

Stevie Jackson : Pour plusieurs raisons, professionnelles et familiales. Voici quelques années, Mick a débuté une carrière de compositeur pour des programmes de télévision pour enfants. De plus, il est père de famille et en avait assez des tournées. Il n’était déjà plus présent lors des concerts que nous avons donnés en 2013. C’est une séparation à l’amiable, je crois qu’il a fait le bon choix.

Stuart, comment as-tu vécu ce départ ? Garder la formation soudée a toujours été important pour toi.

SM : Oui, ça l’était au début car nous étions un collectif informel. Lorsque Stuart David puis Isobel Campbell sont partis, ne restaient alors que ceux qui savaient ce qu’ils faisaient là. J’ai donc arrêté de gaspiller mon énergie et j’ai enfin commencé à prendre du plaisir. Le départ de Mick est différent, c’était le bon choix pour lui, et nous sommes restés en bons termes puisqu’il a participé à God Help The Girl en tant qu’arrangeur.

Son absence se ressent dans les arrangements de Girls In Peacetime Want To Dance. Il y a moins de trompette, forcément.

SM : Sans doute… (Sourire.) Nous avons passé le cap de nos premières années où chacun arrivait dans le studio, prenait son instrument et tâtonnait. Nous les avons vraiment maîtrisés à partir de The Boy With The Arab Strap (1998). Mick est plus qu’un simple trompettiste, et en tant qu’arrangeur, son boulot a par exemple été impressionnant sur Dear Catastrophe Waitress. Il proposait de nombreuses idées quant à la construction des morceaux. C’est aussi quelqu’un de très organisé, et ça nous manque un peu. (Sourire.) Ceci dit, on avait quand même pas mal d’idées pour nos nouvelles chansons.

De quand datent-elles ?

SM : En ce qui me concerne, ce sont les plus récentes que j’ai pu écrire pour un disque depuis If You’re Feeling Sinister. Auparavant, j’avais toujours un paquet de compositions que je retravaillais un peu à l’approche d’un enregistrement. Ici, seule Ever Had A Little Faith? est vraiment très ancienne. J’avais deux couplets, j’en ai écrit deux autres et je l’ai mise à jour. Par ailleurs, nous avons souvent composé ensemble par le passé, comme dans un atelier d’écriture, et cela faisait longtemps que l’on n’avait pas procédé ainsi.

Avant même de poser le disque sur la platine, on est frappé par sa pochette, assez flippante.

SM : Tu trouves ? Ces douze titres sonnent un peu comme un rêve. Un mauvais rêve, parfois. À l’origine, je songeais à deux personnages revenus mutilés de la guerre et transformés en robots. La fille avec la mitraillette n’y figurait pas, mais ça fonctionne mieux ainsi.

RAY DAVIES

L’album surprend par son intitulé cynique et son vocabulaire, qui relève du militaire (Nobody’s Empire, Today (This Army’s For Peace)) ou du politique (The Party Line).

SM : Le choix des mots n’est jamais conscient. J’avais le titre en tête, il sonnait bien et collait parfaitement au visuel. C’est vrai qu’en vieillissant, je suis devenu plus à l’écoute du monde qui m’entoure. Il y a vingt ans, je ne regardais jamais la télévision, je n’allais jamais sur le Web, je ne lisais pas le journal. Comme le chantaient Simon & Garfunkel : “I get the news I need on the weather report.” (Rires.)
SJ : On traînait, on regardait les arbres…
SM : Et les filles aussi !
SJ : Aujourd’hui, nous sommes mariés, nous avons des enfants… We are engaged!
SM : Désormais, je m’intéresse à ce qui se passe. Mais ce ne sont pas pour autant des chansons politiques. Car ça ne marche jamais, à moins d’être Billy Bragg. Pour The Cat With The Cream, j’ai imaginé une jeune femme dans sa cuisine et j’ai souhaité relater son rapport au monde. Cette expression désigne la suffisance et l’autosatisfaction de la classe dirigeante arrivée au pouvoir en 2010. Lorsque j’ai écrit ces paroles, David Cameron et les conservateurs venaient d’entrer au 10 Downing Street, la crise avait deux ans et la droite ne pouvait être plus heureuse : le pays était ravagé, elle pouvait enfin prôner l’austérité ! Ainsi, les riches peuvent continuer leurs affaires tandis que les plus faibles, les classes ouvrière et moyenne, doivent bosser pour rien.
SJ : Tout est dit dans leur appellation : conservateur. Ils veulent conserver leurs biens. Et ne rien changer.
SM : Je veux raconter des histoires et je choisis des narrateurs jeunes car je désire adopter un point de vue naïf. Si tu peux t’oublier un moment et devenir sciemment naïf, alors tu peux facilement expliquer le monde en trois minutes. En musique, c’est bien de rester simple et direct. D’ailleurs, j’utilise le même procédé pour Allie – il s’agit du même personnage.

On se trompe ou elle part faire le djihad ?

SM : Non, c’est tout à fait ça. Bien sûr, c’est un peu improbable, car peu d’Écossais sont partis en Syrie comparé aux Anglais ou aux Français. Mais c’était intéressant de songer aux Britanniques qui sont prêts à prendre part à ce bain de sang. C’est l’addition d’une atmosphère politique, de l’exclusion, du manque de justice sociale et de problèmes plus personnels qui les mène à cela. Ils ne se sentent pas à leur place.

“Nous passions notre temps entre quatre murs à enregistrer des chansons. Nous allions finir par devenir les ABBA de l’indie pop !”

Le texte de Perfect Couples est plus léger, mais demeure acerbe. Vous situez-vous dans cette tradition de l’observateur à la Ray Davies ?

SJ : Oui, je pense tutoyer sans mal le génie de Ray Davies ! (Rires.) Dans Perfect Couples, le narrateur compare sa relation amoureuse à celles d’autres couples qui l’entourent et paraissent bien sous tous rapports : ils font du yoga, mangent de la nourriture saine… Mais tout n’est pas si rose. Il vaut mieux s’en tenir à ce que l’on construit. Une relation qui dure demande du boulot, mais la perfection n’existe pas.
SM : Mon parolier favori est Morrissey, mais il ne sait pas raconter d’histoire. Lorsqu’il crée un personnage, c’est moqueur et grotesque, comme dans Frankly, Mr Shankly ou Vicar In A Tutu. Bien sûr, Ray Davies est l’exemple parfait de l’observateur, mais étonnamment, dans ce registre, je lui préfère Paul McCartney. She’s Leaving Home, Eleanor Rigby et Penny Lane : dur de faire mieux. À la différence de Morrissey, McCartney possède une conscience de l’humanité qui lui permet de commenter avec un air détaché.

Musicalement, votre nouvel effort est marqué par l’utilisation des claviers, avec une orientation plus dance, façon Saint Etienne ou Pet Shop Boys.

SM : Oui, mais ce n’est ni volontaire, ni conscient. On ne s’est pas dit : “Mettons des synthés, orientons-nous vers la dance.” C’est lors de l’écriture que tout est apparu. Nous ne composons pas comme Charles Aznavour, avec la mélodie d’un côté, le texte de l’autre, et un piano ensuite. Je peux “raconter” ces chansons aux autres membres. Prends Enter Sylvia Plath et Play For Today par exemple, qui reposent plus ou moins sur le même rythme. Il y a d’abord la basse. (Il chante et tape du pied.) “Ta tadadatadada ta tadadatadada…” Puis de gros claviers : “Ta talala ta ta ta talala”, et c’est tout ! Tu saisis l’idée de la composition avec ces simples éléments. Je ne fournis plus les accords aux musiciens depuis longtemps.
SJ : À l’époque, Stuart venait avec ses textes et les parties de chacun. Et nous devions corriger les accords car ils étaient souvent mal transcrits. (Sourire.) Désormais, nous sommes devenus bons musiciens, nous écrivons et composons rapidement.
SM : Écrire un morceau est comparable à la réalisation d’un film. Écrire un roman puis tenter de l’adapter au cinéma est difficile, et le résultat à l’écran est souvent moins bon que le bouquin original. Alors pourquoi ne pas directement écrire un film ? Donc au lieu d’écrire tout au piano, nous allons en studio et utilisons directement la palette d’instruments que représente le groupe.

CHEVALIER TEMPÊTE

Un groupe enrichi d’une invitée avec la présence de Dee Dee des Dum Dum Girls sur Play For Today.

SM : On a fait pas mal de duos depuis nos débuts. Avec Monica Queen pour le single Lazy Line Painter Jane en 1997 ou Carey Mulligan et Norah Jones sur Write About Love (2010). Play For Today est ma chanson préférée de tout notre répertoire. J’avais déjà croisé Dee Dee quand elle avait auditionné pour God Help The Girl. J’ai vu des centaines de personnes chanter Come Monday Night, mais elle possédait le truc, c’était magnifique. Hélas, elle ne fut pas retenue car elle était trop âgée pour le rôle d’Eve. Il nous fallait une fille, et Dee Dee était trop “femme”. Elle aurait collé deux baffes à James et le film aurait été un court-métrage. (Rires.) Bref, Dee Dee tournait avec Dum Dum Girls et on l’a invitée en studio lors de son passage à Atlanta. Elle n’avait qu’une heure de libre entre les balances et son concert. En deux prises, c’était dans la boîte ! Elle est vraiment très professionnelle.

Le rôle du producteur semble également important ici. Pourquoi avoir fait appel à Ben H. Allen ?

SJ : C’est une idée de notre manager. Ben a travaillé avec des groupes pop comme Kaiser Chiefs, mais connaît également la scène hip hop d’Atlanta, où nous l’avons rejoint. C’était faire un pas dans l’inconnu. Tony Hoffer, qui a produit les deux LP précédents, avait rendu nos compos plus catchy. Ben a conféré un son plus mastoc. En tout cas, c’est un gros bosseur, qui travaille dur et vite.

L’évolution vers la dance est inconsciente, mais a posteriori, ne pensez-vous pas que les remixes réalisés par The Avalanches ou surtout Richard X ont pu vous pousser dans cette voie ?

SJ : Effectivement, Perfect Couples contient des percussions africaines, tout comme le remix de I’m A Cuckoo par The Avalanches. Je pense avoir surtout été influencé par la musique africaine que Chris écoutait beaucoup. Ce sont sans doute les reprises qui nous marquent le plus. Par exemple, nous avons beaucoup joué The Boys Are Back In Town de Thin Lizzy, et on a finalement écrit I’m A Cuckoo, qui possède le même genre de rythme.
SM : Il y a sans doute un lien entre le remix de I Didn’t See It Coming par Richard X et la rythmique d’Enter Sylvia Plath, mais encore une fois, je doute que ce soit conscient. Et franchement, je pense l’avoir plutôt chipée au générique de The Flashing Blade, un feuilleton pour enfants. (Ils chantent.) “You’ve got to fight for what you want, and all that you believe…” C’était une série tchèque, je crois (ndlr. il s’agit en réalité du Chevalier Tempête, une série française diffusée par l’ORTF en 1967). Quand tu te réveilles le matin avec une chanson en tête, ça vient bien de quelque part ! Les influences sont toujours inconscientes et finissent par faire partie de ton ADN. Si l’on se contraint, ou si l’on vole, alors ce n’est pas la peine d’écrire.
SJ : I’m A Cuckoo, c’était quand même du vol. (Rires.)
SM : Non, un emprunt. Et on ne l’a jamais caché en citant Thin Lizzy dans les paroles ou en glissant un poster dans la vidéo.

“Je veux raconter des histoires et je choisis des narrateurs jeunes car je désire adopter un point de vue naïf.”

Ever Had A Little Faith? contient une partie de guitare très Velvet Underground.

SM : Tout à fait. J’ai achevé ce morceau peu après la mort de Lou Reed, en octobre 2013. Je savais bien qu’il était très “velvetien”, mais je me suis dit : “On s’en fout !” J’étais à l’aise avec ce titre, je venais de le déterrer, il fonctionnait bien et je pensais à Lou Reed en le jouant. On l’a bouclé en une prise ou deux.

Il aurait pu figurer sur If You’re Feeling Sinister.

SM : Oui, ça peut évoquer nos tentatives les plus anciennes. La partie de guitare est plutôt simple, on aurait pu la trouver sur un vieil album des Stones ou du Velvet. On a mis cette chanson sur le disque pour que les vieux fans ne hurlent pas trop. (Prenant un ton râleur.) “Oh, celle-là est nulle. Et celle-ci, nulle aussi. On a complètement perdu Belle And Sebastian…” Puis arrive Ever Had A Little Faith?, et alors : “Ça y est ! Ils sont revenus, c’est génial !” (Rires.)
SJ : Tu t’inquiètes beaucoup trop, Stuart.

Vos vieux fans regrettent surtout l’époque où vous publiiez des maxis totalement indépendants des formats longs. Vous avez arrêté en quittant Jeepster. Seriez-vous rentrés dans le rang ?

SM : Nous n’avons pas été vendus au système, si c’est ce que tu veux dire. (Sourire.) C’est simplement une question de manque de temps. Dans les nineties, nous ne sortions jamais, nous passions notre temps entre quatre murs à enregistrer des chansons. Nous allions finir par devenir les ABBA de l’indie pop ! De plus, à l’époque, les gens achetaient encore des disques. Nous sommes devenus plus populaires et le label ne s’en plaignait pas. Nous avons publié deux albums très rapidement et avions toujours des chansons en rab’, c’est pourquoi nous publiions des EP. C’était génial, nous aimerions évidemment recommencer, mais nous n’en avons pas le loisir. Car les disques ne se vendent plus et nous devons aussi nous produire sur scène pour gagner notre vie. Cela dit, Girls In Peacetime Want To Dance sera disponible en version deluxe avec quatre vinyles contenant seize extraits dans un ordre différent, des versions longues et des titres bonus. Tu peux voir ça comme quatre maxis avec quatre inédits.

En 1998, vous chantiez This Is Just A Modern Rock Song et aujourd’hui The Everlasting Muse. Vous évoquez souvent des chansons à l’intérieur de vos chansons.

SM : C’est même l’un de mes péchés mignons. Dans mon iTunes, j’ai créé un sous-dossier les réunissant. Je pense par exemple à Fidelity de Regina Spektor. C’est fantastique, elle y raconte sa relation à la musique, expliquant qu’elle peut parfois tomber plus amoureuse d’un morceau que d’un homme. Je songe également à Beautiful Noise de Neil Diamond, Free Man In Paris de Joni Mitchell ou Ballad Of The Band de Felt. À leur manière, ces compositions décrivent les à-côtés de la création, mais aussi le plaisir d’écrire une bonne pop song. Quant à The Everlasting Muse, c’est un peu différent. Il s’agit du premier titre que j’ai écrit pour cet album. Les idées me viennent souvent lors de balades à vélo. Je me range alors sur le bas-côté et chantonne la mélodie dans mon téléphone. (Sourire.) Cette fois-là, je pédalais en Suisse et j’ai imploré ma muse : “Aide-moi, permets-moi d’écrire une nouvelle chanson.” Un peu comme Luke Skywalker invoquant Obi-Wan Kenobi, tu vois. J’ai écrit sur cette inspiration qui nous permet de composer. Sans elle, et sans les chansons, nous ne sommes rien.

Un autre long format ?