Les Éditions Le mot et le reste proposent, sous la signature d’Amaury Cornut, le premier ouvrage de référence en français consacré à Lead Belly, bluesman légendaire sans lequel les Beatles, Bob Dylan ou Nirvana n’auraient pas eu le même itinéraire.
Extrait du chapitre «1949 : Been so long (Bellevue Hospital Blues)»
Durant l’hiver 1948-49, le chanteur a commencé à se plaindre d’une sensation de faiblesse au niveau du pied droit. En quelques semaines, celle-ci gagne son bras droit puis sa main droite est touchée. Un rendez-vous médical à New York avec le Dr. Conason établit le diagnostic funeste : Lead Belly est atteint d’une sclérose latérale amyotrophique (SLA), une maladie neurodégénérative qu’on ne connaît pas encore très bien à cette époque. Elle est, de nos jours, plus connue en France sous le nom de «maladie de Charcot», et aux États-Unis «maladie de Lou Gehrig» du nom d’un célèbre joueur de baseball, mort de cette affection en 1941. Des pilules lui sont aussitôt prescrites pour augmenter sa circulation sanguine et atténuer les symptômes qui, compte tenu de son métier, constituent pour Lead Belly un véritable handicap et une grande source d’angoisse.
Pourtant, 1949 connaît aussi son lot de réjouissances. Début janvier, on propose à Lead Belly un rôle à Broadway, le chanteur s’en réjouit même si, hélas, ce projet ne verra jamais le jour. En février, Lead Belly donne plusieurs concerts liés au milieu du jazz new-yorkais, notamment au WNYC Jazz Festival organisé par la radio éponyme, au Jazz Band Ball ou bien dans le cadre de l’émission The Chamber Music Society of Lower Basin Street diffusée sur les ondes de la NBC. Mais ce n’est pas tout, c’est aussi en février que Marjorie Fairbanks obtient que Lead Belly devienne membre de la Associated Musicians of Greater New York, affiliée à la fédération américaine du Travail. C’est une reconnaissance officielle de son statut de musicien professionnel dont il est très fier, aussi tardive soit-elle. Puis, en mai 1949, Lead Belly devient le premier musicien blues / folk américain à effectuer une tournée européenne. Impulsée par Austin Wilder, elle doit démarrer par Paris et son organisation est finalisée par Austen Fairbanks et sa mère, qui connaît très bien la capitale française pour y séjourner régulièrement et posséder des bureaux au 52 avenue des Champs-Élysées.