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Bonnie ‘Prince’ Billy, Yoa, Maribou State…: le cahier critique de ce 31 janvier 2025

Avec Bonnie Prince Billy, Yoa ou Maribou State, voici les sorties intéressantes composant le cahier critique du 31 janvier 2025

BONNIE “PRINCE” BILLY
The Purple Bird
(DOMINO RECORDS) – 31/01/2025

Musicien érudit et connaisseur esthète de tous les méandres de la folk américaine, Will Oldham, alias Bonnie “Prince” Billy depuis 1999, enrichit chaque année le répertoire-panthéon de ce style, avec une intégrité et une constance rares. The Purple Bird ne déroge pas à la règle et à ce dessein artistiquement encyclopédique : loin des compositions passées nées d’ascèses solitaires, ce disque est le fruit d’un travail collectif et d’un mélange, heureux, des genres. Country traditionnelle ou modernisée, bluegrass dépoussiéré, ballades folk minimalistes et touchantes, Will Oldham imprime son empreinte humblement. Et sûrement…

Turned to Dust (Rolling On) ouvre le disque en majesté : impressions d’un classique aux couplets modestes et aux refrains fervents où les violons se mêlent aux guitares électriques. Une méditation sur le temps qui passe (“Right is right, wrong is wrong / No matter what side you’re standing on / Can’t we all just get along / As life keeps rolling on”) malgré les aléas (“Tempted by the lure of a liar / Who preys upon the foolish and the weak / If we rely on love to lift us higher / Things’ll be all right for you and me”). Y voir évidemment une allusion aux horreurs politiques contemporaines, même si Will Oldham préfère l’ambiguïté et la suggestion : ses protest songs sont pleines de subtilité, de poésie et d’optimisme. Et d’audace, comme sur l’explicite Guns Are for Cowards, titre éminemment provocateur aux paroles chocs (“I had a friend who was shot seven times / As she tried, scared, to run away / She couldn’t scream / Her mouth had been shot / And so she’s not with us today”). Pamphlet glaçant et adresse ironique aux détenteurs d’armes (“Who would you shoot in the face? / Who would you shoot in the brain? / Who would you shoot in the back? / And leave bleeding out in the rain?”). Le tout sur un rythme de polka, entraînant à souhait…

Chacune des douze chansons de The Purple Bird mériterait son analyse détaillée et les louanges associées, pour sa finesse, sa justesse et les savantes émotions distillées. Las, on plébiscitera, sur le moment, London May en réminiscence des beautés sombres de I See a Darkness (album presque indépassable), New Water à l’ambiance vieux Lambchop si plaisante, la reprise bouleversante du gospel Is My Living in Vain? des Clark Sisters, entre autres chansons déjà inoubliables. Et on se rappellera, le temps d’un Boise, Idaho plus que magnifique que Will Oldham est très certainement le songwriter le plus précieux de nos discothèques.

Julien Courbe ••••• •

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