Boogers – Running In The Flame

(AT(h)OME/Warner Music)

Sans prétention… On a souvent lu – et sans doute utilisé – cette expression à propos d’œuvres modestes mais bien exécutées. Aussi bienveillante soit-elle, on est un peu gêné d’y recourir encore. Après tout, pour arriver à ces douze morceaux, un type – ici, le Tourangeau Boogers – a pris le temps de trouver des mélodies, poser des paroles, caler des accords, confectionner des arrangements et enregistrer le tout avant de le publier. Se donne-t-on réellement la peine de faire tout ça si on n’a pas un minimum de prétention ? Pourtant, à l’écoute du troisième album de cet ex-fan des nineties, c’est bien ce qu’on a pensé.

Running In The Flame est bourré de petites chansons bricolées, jouées à la coule, mêlant synthétiseurs, guitares saturées et anglais approximatif – la première tentative dans la langue de Didier Wampas, Dis-Moi Pourquoi, se résume à un punk rock binaire. De punk rock, il en est souvent question, dans la musique (la très Weezer Nerves) comme dans la pratique (la débrouillardise de tous les instants). Mais pas seulement. Ce proche de Rubin Steiner réussit une reprise de John Lennon en reggae (Oh My Love) ou rend visite au collectif Elephant Six (les cuivres illuminant la chanson Running In The Flame, sommet du disque).

Ce saute-mouton d’un style à l’autre rapproche l’animateur de Radio Béton du Beck des 90’s, auquel on l’a souvent comparé. Plus loin, Don’t Want Me, final électronique posé sur un rythme proche de Fit But You Know It de The Streets, conclut ce balayage d’une quarantaine d’années de pop moderne. Une affaire finalement plus ambitieuse qu’elle n’y paraissait.

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