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Catastrophe par Antoine Henault

Catastrophe : “Comme si on laissait notre inconscient respirer”

Alors que le formidable groupe Catastrophe dévoile aujourd'hui deux nouveaux clips, "Encore" et "Solastalgie", ils nous ont ouvert leurs carnets et nous ont parlé de leur rapport à ces recueils d'inspiration.

Sur la page “Encore”, on a presque à faire à un calligramme. Est-ce une pratique qui vous intéresse ?

Catastrophe : C’est plus spontané que ça, ce n’est pas un projet : Blandine (Rinkel), Arthur (Navellou) ou Pierre (Jouan) griffonnent des choses pendant les réunions, pendant les répétitions, et ça devient parfois quelque chose d’intéressant, visuellement (d’autres fois ça ne ressemble à rien).

D’où vous vient cette pratique du carnet ?

Catastrophe : Ça fait longtemps ! Arthur a chez lui des dizaines de livres de livres aux pages blanches, des maquettes récupérés chez des fabricants de livres. Blandine est obsessionnelle des carnets depuis l’enfance, elle consigne toute sa vie dedans. Pierre dessine des bonhommes — toujours sur le même modèle, mais chaque fois différents — un peu partout, sur des serviettes de papier, des tickets de caisse ou des carnets en bonne et due forme. C’est clairement un pratique utile, et une pratique reposante. Comme si on laissait notre inconscient respirer. Contrairement au smartphone et au risque d’être déconcentré par des stimuli, des notifications, le carnet permet une concentration maximale sur ce qu’on écoute et qu’on note. Ça permet aussi d’insister sur certains mots, certains signes, qui nous semblent plus intéressants que d’autres. L’énergie ou l’excitation se change en couleur. Ça rend visuelle la pensée, on aime bien ça.

Dans ce carnet, on n’a pas simplement l’impression d’être à un stade de recherche, mais de déjà être dans la création artistique. Qu’en pensez-vous ?

Catastrophe : Souvent, on dessine ou on écrit des choses en même temps qu’on en parle à l’oral. Ce sont des carnets qui accompagnent des discussions — un peu comme quand on gribouille sur une nappe en échangeant dans un café. Pendant qu’on évoquait une image du film les Rencontres d’après minuit par exemple, Blandine a recopié le dessin qu’on voit sur Google Image. C’était, inconsciemment, une manière de commencer à se l’approprier. Bon, et en l’occurence, dans ces extraits de carnet, les titres étaient déjà composés et on discutait pour clarifier le paysage qui les entoure. Comment mettre la musique en image, en histoires ? On a travaillé avec le génial Nevil Bernard, pour les clips animés qui accompagnent les morceaux. Quand on l’a contacté, on avait déjà une idée précise de la vision qu’on cherchait à réaliser. Vision qui était née sur des carnets, dans des notes… Lui s’est emparé de cette vision, et a été bien plus loin !

Les aspects textuels et visuels y sont très importants. En revanche, la dimension musicale de Catastrophe y apparaît assez peu. Est-ce que la musique germe dans ce carnet, après avoir mélangé les idées ?

Catastrophe : C’est plutôt l’inverse, on compose d’abord – tous ensemble dans une même pièce – et on précise vision et texte ensuite ! Pierre, qui est notre chef d’orchestre, tient par ailleurs des carnets spécifiques aux arrangements des morceaux, qui nous ont été indispensables en studio notamment, mais qui sont moins graphiques, et sans doute moins lisibles (rires).

Encore et Solastalgie sont issus de GONG!, le deuxième album de Catastophe attendu à la rentrée sur Tricatel.

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