Avec Reward de Cate Le Bon, Flamagra de Flying Lotus ou encore Faire Danser Les Filles de Bastien Lallemant, Magic vous a sélectionné les disques importants qui sortent ce vendredi 24 mai.
CATE LE BON – Reward
(Mexican Summer / Modulor)
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Depuis cinq albums à la singularité assumée et jamais feinte, la Galloise Cate Le Bon construit une œuvre cabossée et inventive avec sincérité et discrétion. Elle revient avec Reward qui n’a rien perdu d’une volonté novatrice mais retrouve une forme de linéarité narrative bienvenue. S’orientant vers une soul blanche, Reward est d’une sophistication abordable, d’une richesse sans effet de manche.
FLYING LOTUS – Flamagra
(Warp)
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On retrouve ici un FlyLo hyperactif, généreux et brillant. Comme on l’a quitté. Flamagrama est un disque un peu autiste et franchement halluciné, hallucinant. Même si FlyLo nous sème quand il se fait flasher à 160 bpm, et peut dérouter avec ses kicks beat scene et ses ahurissantes polyrythmies, son kaléidoscope de projections surréalistes est implacable. On peut tracer sa filiation dans la Black Music, l’afro-futurisme et la spiritualité de certains jazzmen afro-américains. Mais étonnamment, ce qui frappe le plus, c’est ce qu’il partage avec David Lynch, invité sur Fire Is Coming. Une insondable étrangeté.
BASTIEN LALLEMANT – Danser les Filles
(Zamora / L’autre Distribution)
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Il est ici autant question de parcours possibles, telle une odyssée naturaliste à la Thoreau, que d’une ode au repli vers une base arrière. Quatre ans après le sublime La Maison Haute, ce cinquième album redécouvre la permanence dans le mouvement, le plus délicat des plaisirs. La voix sensuelle de Bastien Lallemant résonne avec un monde agité en nous suggérant de tendre vers l’horizon, en manifestant un désir renouvelé de vivre «avant qu’il ne soit trop tard».
DAVID CHALMIN – La Terre invisible
(Ici D’ailleurs)
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David Chalmin. Ce nom ne vous dit rien sans doute. Vous le connaissez pourtant sans le savoir. Il est un proche collaborateur de Matt Elliott depuis The Broken Man (2012) mais aussi des sœurs Labèque. La Terre invisible, son premier album, sonne comme la symbiose entre ses deux tropismes, l’électro et la musique classique. Moins agoraphobe que son voisin de label Matthias Delplanque, David Chalmin fait tendre ses circonvolutions vers une forme de transcendance naïve et enfantine.
Derya Yildirim & Grup Simsek – Kar Yagar
(Catapult Records / Bongoe Joe)
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Le premier album de Derya Yildirim & Grup Simsek s’avère être un trip sous LSD aux allures de retour dans les années 70, à l’époque où les artistes turcs mélangeaient habilement musique traditionnelle d’Anatolie et pop anglo-saxonne. Les douces mélodies au luth nous transportent sans peine en plein coeur du Grand Bazar d’Istanbul. Une réussite presque aussi belle que la basilique Sainte Sophie.
SEBADOH – Act Surprised
(Fire Records)
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Kill Your Idols, le motto des années grunge, un temps valable, est désormais à remiser. Sebadoh bouge encore, Lou Barlow et Jason Loewenstein – accompagnés de Bob d’Amico – ont un regain de forme et se partagent équitablement quinze titres entre pop rock foutraque pour le premier et brûlots noisy-punk pour le second. Cet album «crise de la trentaine» (The Freed Man date de 1989) sied bien mieux à Sebadoh qu’à d’autres anciennes «idoles» de la même génération.
JOAN AS POLICE WOMAN – Joanthology
([PIAS])
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Joanthology rend enfin justice aux quinze années de carrière du groupe Joan As Police Woman et de sa leader Joan Wasser. La réputation de la dame reste discrète malgré une belle série d’albums impeccables et sophistiqués. Joanthology est une belle démonstration de l’étendue de son spectre musical avec ses ballades habitées et sa soul pas si éloignée de celle de Minnie Riperton ou de Laura Nyro. Force est de reconnaître que Wasser sait toujours rester singulière et changeante.
PLASTIC MERMAIDS – Suddenly Everyone Explodes
(Sunday Best Recordings)
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Venus de l’île de Wight, les cinq membres de Plastic Mermaids développent, sur leur premier album Suddenly Everyone Explodes, un sens aiguisé des mélodies entraînantes, extraverties et grandiloquentes, notamment sur quelques pépites électro-psychée-pop. Si les Anglais, sûrement influencés par des groupes comme MGMT, ont mis trois ans à sortir ce disque après d’intenses périodes d’écriture, de débats internes et d’enregistrement, l’exploration de leurs chansons offre une explosion d’effets synthétiques accoudée à des constructions démesurées et épaisses.
MORRISSEY – California Son
(Etienne / BMG)
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Avec California Son, disque de reprises, le Moz nous rappelle qu’il faut encore compter sur lui. Ne pas voir dans cet exercice de la cover une forme de paresse de la part de l’ex-Smith. Ici, point de Sandy Denny, évidente influence des Smiths mais plutôt Joni Mitchell, Bob Dylan, Phil Ochs, Tim Hardin ou Gary Puckett & the Union Gap qu’il transporte vers plus de grandiloquence. California Son n’est ni vraiment un retour aux fondamentaux ni un hommage aux aînés, plutôt un passage de témoin, la dissection des fondations d’un artiste majeur.
XAVIER BOYER – Owner’s Manual
(Human Sounds)
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Owner’s Manual est un véritable recueil de petites perles issues des sessions d’écriture des maestros de l’indie à la sauce française que Tahiti 80, mais qui n’ont pour autant pas passé le cut. Plutôt que de les laisser à l’ombre, oubliées dans un dossier informatique, Xavier Boyer, frontman du groupe susnommé, les a compilées dans cet album qui oscille entre pop synthétique et pistes plus expérimentales.
LOUISE THIOLON – N’obéir qu’à la terre
(Autoproduit)
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Louise Thiolon, qui a débuté dans le groupe Cars on Rooftops, et joue pour This Is the Kit et La Grande Sophie, fraie en solo depuis son premier EP Le Goût du chagrin paru en 2017. Grand bien lui en a pris : cette jeune femme discrète mérite bien son oeuvre à elle. Ses petites chansons, somme toute classiques, s’étoffent aujourd’hui dans un univers pop à reflets jazz ou sud-américains. Sans faux pas, ce premier album situe Louise Thiolon parmi les noms à suivre de la chanson française.
THE FALL – Live At The Witch Trials: Red Vinyl Lp / 3cd Boxset + Dragnet: Black & White Splatter Vinyl Lp + 7″ / 3cd Boxset
(Cherry Red)
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Connu pour ses rééditions en vinyle de disques cultes, le label Cherry Red dévoile aujourd’hui deux “nouvelles” galettes, les deux premiers albums de The Fall : Live At The Witch Trials et Dragnet. Qui sont déjà en rupture de stock au moment où vous lisez ces lignes. Culte.
Mais rien ne vous empêche d’écouter aussi les autres sorties du jour :
We Only Said – My Oversoul (Les Disques Normal / L’autre Distribution)
Matias Aguayo – Support Alien Invasion (Crammed Disc)
L’Eclair – Sauropoda (Bongo Joe)
Franck Tigrou – Totem (Aesthetical)
La Battue – Search Party EP (Parapente Music)
Honeyblood – A Kiss from the Devil (Marathon Artists)
Ari Prado, Avi Buffalo – Glow Cast on Eternal Sound (Avi Prado Music)
Steve Lacy – Appolo XXI
Cold Showers – Motionless (Dais Records)
Les Lignes Droites – Heusden Zolder Ep (Extension / Modulor)
Tropique Noir – Mirage (Music From The Masses)
The Twin Souls – The Twin Souls EP (MAD / PIAS)
Kabasa – African Sunset (BBE Records – réédition 1982)
Laura Clauzel – Moan Ep
Justin Townes Earle – The Saint Of Lost Causes (New West Records)
Salut C’est Cool – Maison
The Mauskovc Dance Band The Mauskovic Dance Band (Soundway Records)
Jr. Walker & The All Stars – Walk In The Night ~ The Motown 70s Studio Albums: 3cd Clamshell Boxset (Cherry Red)
Edgar Déception – Décès… (Buddy Records / Hellzapoppin Records / Offnoise / Mon Cul C’est Du Tofu)
The Meeting Places – You And I Ep (Saint-marie Records)
Primal Scream – Maximum Rock’n’roll’, Double Best Of (Legacy Columbia)