«Ce qui est bien à Magic, c’est que l’on n’est pas tous d’accord» – le Top 10 2024 de Fred Rapilly

Alors que les fêtes se rapprochent et que notre trimestriel de fin d'année suit le même chemin, Magic laisse la parole à ses journalistes pour que ceux-ci vous présentent leur classement des pépites de cette année. Ici, Fred Rapilly nous parle de morceaux si beaux qu'il ne faudrait les partager qu'à son ou sa meilleur•e ami•e.

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Ce qui est bien à Magic, c’est que l’on n’est pas tous d’accord. Et cela se voit, s’entend surtout en fin d’année quand votre rédacteur en chef vous prie, vous, ainsi que la quasi-vingtaine de petits camarades qui se commettent avec joie et ardeur dans les pages de ce magazine, de faire votre Top 10 des albums de l’année. 

C’est-à-dire de déterminer à un moment T ces disques qui t’ont enjolivé, amélioré, rendu inoubliable 2024. Pour moi, c’est simple, c’est un morceau de Warhaus découvert sur un lien de streaming envoyé très en amont de la sortie de l’album par la maison de disque. Un morceau qui m’a fait décoller, prendre une fusée pour la Lune et bien au-delà. Un morceau qui se nomme assez prosaïquement Zero One Code, une sorte de ballade sexy, sexuelle, dans laquelle Marteen Devoldere, l’homme qui se dissimule derrière Warhaus (et aussi le chanteur du groupe belge Balthazar), s’adresse à lui-même. Qu’est-ce qu’il a ce morceau de si singulier ? Il semble tout simplement pouvoir s’affranchir de toutes les règles, prendre toutes les libertés… 

On y entend (un peu) la voix de Leonard Cohen, des chœurs soyeux, des percussions métalliques empruntées à Nick Cave, une sorte de groove vénéneux, et puis tout-à-coup, la chanson bascule dans une autre dimension, portée, transporté par des respirations, des murmures, des whooo-whooo-whooo formant comme une litanie pour une religion inconnue. Comme une épiphanie. Cette chanson, il faut que je la fasse découvrir, mais pas à tout le monde, plutôt comme un secret que l’on voudrait partager avec son/sa meilleur/e ami/e. Et je ne sais pas, je ne vous connais pas tous, mais j’ai la sensation que cette ballade surréaliste, groovy et sexy, pourrait bien vous enchanter les oreilles. Je n’ai qu’un « ordre » à vous susurrer : Écoutez-là ! 

Pour le reste… J’ai retrouvé avec plaisir la voix de la grande Beth Gibbons opérant son grand retour, sans Portishead mais avec Lee Harris (ex Talk Talk) à la batterie sur l’album Lives Outgrown. Pour l’anecdote, il l’avait fait débuté dans son projet O.Rang, lui proposant même de rejoindre la formation avant qu’elle ne se décide finalement pour Portishead. Je ne suis pas André Manoukian mais je dois avoir un faible pour les musiques donnant la sensation d’avoir des pouvoirs mystiques, d’ouvrir des dimensions invisibles, d’où sans doute cette 3ème place au groupe géographiquement nantais mais bien plus que cela encore, Orange Blossom. Ces fans de Joy Division – à leurs débuts – emmènent leur formation dans des territoires séduisants où l’on entend l’Orient et l’écho des Djinns, et des réminiscences d’un vieux monde quine veut pas encore disparaître. Comment font-ils ? Je ne sais pas mais je fonds, et je m’enfonce dans les sonorités envoûtantes de ces sortilèges adressés par dessirènes éméchées (Spells From the Drunken Sirens). 

Et je tire mon chapeau, mon turban, ou ma casquette, à ces olibrius d’Orwell, qui n’ont rien trouvé de mieux que de s’atteler à reprendre des années après leurs sorties quelques-unes des chansons de Simple Minds. Avec une délicatesse infinie, le groupe s’empare de six titres des Ecossais et les revisite pour leur donner une ampleur insoupçonnée, une suavité contagieuse. Promis, si vous n’avez pas encore eu le temps, l’idée, ou même l’envie d’aller prêter ne serait-ce qu’une oreille à ce disque habilement baptisé Simple Minded, c’est le moment de lui donner sa chance. Pour la suite, reportez-vous à ma liste et vivement 2025.

Le Top 10 de Fred

  • WARHAUS- Karaoke Moon
  • BETH GIBBONS – Lives Outgrown
  • ORANGE BLOSSOM – Spells from the drunken Sirens
  • ORWELL – Simple Minded
  • BRIGITTE CALLS ME BABY – The Futur is our way out
  • MUSTANG – Megaphenix
  • PHILIPPE KATERINE – Zouzou
  • OLIVIER ROCABOIS – The Afternoon of Our Lives
  • CAESARIA – Tonight Will Only Make Me Love You
  • BRYAN’S MAGIC TEARS – Smoke & Mirrors