Les 7, 8 et 9 novembre prochain, le quartier de Bastille bouillonne – encore – plus que d’habitude, Pitchfork Avant-Garde oblige. Et qui dit Pitchfork Avant-Garde dit aussi – et surtout – une programmation qui ratisse extrêmement large de manière à nous présenter les pépites qui risquent de se trouver au sommaire de Magic dans un ou deux ans. Avec Divorce, Fcukers ou encore Infinity Song, on vous en a trouvé huit sur lesquelles on va miser une sacrée pièce.
Divorce
« Entre Wilco et Abba » – voilà comment ce quatuor de Nottingham, au nom qui rend heureux les avocats en droit de la famille, décrit sa musique. Seulement deux EP au compteur pour eux (Get Mean en 2022 et Heady Metal en 2023), mais au regard de titres tels que Checking Out, All My Freaks et, surtout, surtout, Heaven Is A Long Way, on comprend aisément pourquoi la BBC6 fait de Divorce un de ses groupes à suivre ardemment. Et ça tombe très bien, car un premier LP, Drive to Goldenhammer, est prévu pour mars 2025.
Deep Tan
Vous me connaissez, j’adore les trucs pour cool kids, encore plus quand il y a écrit « Londres » et « post-punk » dans la même phrase. La bio de Deep Tan commence par « issu de la florissante scène post-punk londonienne », ce qui me met en joie. Minimaliste et tarabiscoté, un peu comme un bar italia qui aurait révisé ses gammes en écoutant The Fall et qui chanterait sur la reine xénomorphe d’Alien, le deepfake ou le revenge porn, Deep Tan a tout du groupe pointu qui sera d’abord écouté par les gens qui mettent des lunettes noires dans les caves à concerts de Paris avant de finir par faire la une de Magic dans deux ans.
Chanel Beads
Je pourrais écrire quasiment la même chose sur Chanel Beads que pour Deep Tan. On a effectivement pas mal de similitudes : le côté minimaliste et expérimental, façon musique pour cool kids. Mais là où Chanel Beads se démarque, outre son origine géographique – Shane Lavers est New-Yorkais –, c’est de par sa fusion entre un post-punk penchant vers le suave et des nappes de musique électronique limite ambiantes. Your Day Will Come, premier LP paru en avril 2024, présente un onirisme troublant, influencé par la culture web du début des années 2000. Un nouveau nom à suivre très attentivement.
Ugly
On vous en a déjà parlé, mais on a – toujours – beau chercher, on ne trouve toujours rien de moche chez UGLY. Leur art-rock mélancolique à souhait, étrange hybride entre Queen (l’intro de The Wheel, parue sur l’EP Twice Around The Sun, sorti en mai 2024) et le Black Country, New Road post-Ants From Up There – comme eux, ils sont de Cambridge –, s’apprête en tout cas à déferler sur l’Europe après une prestation remarquée au Left Of The Dial de Rotterdam. Un projet choral qu’il nous tarde de retrouver pour la première fois sur une scène de l’Hexagone.
Rocket
Encore un groupe de bedroom rockers formé pendant le confinement de 2020, et encore une bonne pioche de la part du Pitchfork Avant-Garde. Rocket décolle depuis Los Angeles, et il faut dire qu’il y a pire, niveau ville, pour faire de l’indie rock. Le tout est un poil slacker, avec des guitares ultra-fuzzy qui ne se privent pourtant pas d’être cotonneuses et un chant qui rentre parfaitement dans les clous du standard indie. La bande frontée par Alithea Tuttle aura en tout cas pu s’exercer en première partie de bar italia lors des dates du meilleur groupe de 2023 en Californie, et ça nous suffit à leur entrevoir un bel avenir.
Infinity Song
Première pensée : je rêve d’entendre Infinity Song avec un mur de son spectorien. Derrière ce nom, la fratrie Boyd, j’ai nommé Abraham, Angel, Israel et Momo, qui se plaît à confronter les influences gospel, jazz, soul, folk et classique de leur enfance à des standards indie pop actuels. On pense évidemment à Marvin Gaye, The Mamas & The Papas ou ABBA, mais on est surtout frappé par la fraîcheur de leurs voix à l’unisson et de leurs mélodies ultra-joyeuses, un pur délice pour les oreilles. Il faut dire qu’avec 200 millions (!!!) de streams pour Haters’ Anthem, on n’est pas les seuls à avoir envie de les voir sur la scène du Café de la Danse lors du Pitchfork Avant-Garde.
Chloe Slater
La première fois que je suis tombé sur Chloe Slater, c’était sur TikTok… Le scepticisme prédomine toujours quand la première rencontre avec un artiste se fait sur la plateforme préférée des lycéens, mais la jeune Anglaise d’à peine 20 piges aura chassé les doutes en quelques secondes. Chloe oscille entre mélodies ultra-pop et influences clairement tournées vers ce qu’on aime chez Magic – les Fontaines D.C. et autres groupes de post-punk du moment –, et elle le fait très bien. Certes, les thématiques soulevées dans ses morceaux – on pense à Tiny Screen, sur l’emprise des réseaux sociaux sur nos chères têtes blondes – ne vous parleront peut-être pas, mais Chloe Slater est un excellent moyen pour faire découvrir votre univers à vos enfants. De notre côté, on va la suivre avec attention.
Fcukers
Quand un de vos premiers concerts accueille, dans la foule, Julian Casablancas, Beck, Clairo ou encore Yves Tumor, c’est généralement que votre groupe en vaut la chandelle. On reprend le discours du « Jules adore les groupes de cool kids », on le multiplie par le nombre de briques rouges à Brooklyn, on mélange de l’indie rock à de la techno, on secoue bien et on obtient Fcukers. On ne sait pas si la faute d’orthographe du nom auto-insultant est volontaire ou si elle est due à une gueule de bois trop intense, mais par contre, on en est sûrs et certains – on a très envie de faire la fête avec ces jeunes gens modernes-là. Un véritable petit Bon Bon – mais vérifiez quand même les doses avant consommation, on ne sait jamais avec ces trucs-là.
Mais aussi…
Évidemment, qui dit Pitchfork Avant-Garde dit, déjà, encore plusieurs dizaines de noms à retrouver les 7, 8 et 9 novembre prochains un peu partout dans les différentes salles du quartier de Bastille. Vous l’aurez compris, la liste présentée ici n’est aucunement exhaustive, on vous conseille donc d’aller fouiller la programmation de l’événement sur le net.
Mais qui dit Pitchfork Avant-Garde dit aussi Pitchfork Music Festival Paris, et la programmation du main event est encore une fois aussi dense que qualitative. On retrouvera Judeline et Bikôkô au Trabendo le 4 novembre, mêlant musique électronique et influences néo-soul, tandis qu’Okay Kaya proposera une folk alternative à l’Église Saint-Eustache. Le 5 novembre, Charlotte Day Wilson apportera sa soul introspective au Trabendo, accompagnée par la pop douce de Liana Flores. Le 6 novembre, Good Morning apportera une touche d’indie rock à Petit Bain, tandis que Sega Bodega, entre hyperpop et expérimentations, se produira au Trianon.
Retrouvez toutes les informations sur la programmation et le reste de l’événement sur le site du Pitchfork Music Festival Paris.