En marge ou peut-être même tout au cœur des sections les mieux connues de sa discographie éclectique, Chilly Gonzales s’est toujours attaché à préserver les liens étroits avec ses premières amours musicales et sa formation de pianiste classique. Troisième volet discographique de ces excursions nostalgiques vers cette portion très particulière de son passé (qui l’ont même conduit en 2007 jusque sur la scène du très prestigieux Glenn Gould Festival de Berlin), Chambers se présente donc comme une suite de douze pièces instrumentales pour piano et parfois pour cordes.
Sauvé une fois de plus grâce à son sens de l’humour des pièges de la vanité virtuose, le Canadien a choisi de dédier chacune d’entre elles à l’une des figures – humaines ou non – de son panthéon personnel, de Fauré à John McEnroe en passant par le rapper Rick Ross ou encore… le piano ! Souvent directement inspirées du style de l’un de ses maîtres (Satie, Chopin), elles séduisent en jouant tour à tour des charmes ludiques et légers du pastiche et des beautés plus profondément émouvantes de leur genre d’origine.
Pourtant, c’est encore lorsqu’il s’amuse à rompre les formes les plus guindées pour déraper vers quelques cadences inattendues (Green’s Leaves, Sample This) que Gonzales se montre le plus convaincant. Il parvient alors à dépasser les limites de l’exercice de style qui, aussi brillant soit-il, demeure inévitablement restreint par ses propres contraintes.