Affable, disert, Chris Cohen raconte la conception de son quatrième album, "Paint a Room", avec autant de sincérité que de retenue, choisissant ou modérant sans cesse son propos, préférant rester à la surface des chansons – leur fabrication, leur logique interne – que trop se livrer sur leur signification, ce qu’elles révèlent de lui. Modestie ? Timidité ? On y verra plutôt le souci de ne pas interférer sur notre perception de sa musique. Au fil de l’entretien, la haute ambition du musicien apparaît pourtant, mais sans s’imposer, douce et lumineuse, comme lui, comme sa musique. Chris Cohen est un trésor, sa musique nous change, pour le meilleur.
Peut-on déjà parler de la pochette de l’album ? Elle est très belle et illustre bien le titre de l’album, Paint a Room : on ne sait pas si on voit la peinture en train de se faire ou le tableau disparaître.
C’est une peinture réalisée par une amie, dans les années 1980, quand elle était adolescente. Elle nous l’a donnée il y a quelques années et la toile, depuis, a toujours été accrochée au-dessus du piano sur lequel je compose. Donc je la regarde beaucoup et souvent, sans avoir jamais pensé à l’utiliser comme illustration, jusqu’à ce que la chanson et les paroles de la chanson-titre me donnent envie de l’utiliser. Juste parce qu’elle était dans la pièce, avec moi, elle a participé d’une certaine manière à la création de la musique. Ça me semblait évident de l’utiliser pour la pochette. Et j’adore cette image.