Christine And The Queens – Chaleur Humaine

Ambivalent, forcément, puisque ce premier effort pourrait être appréhendé comme un album-concept sur la conquête de l’identité personnelle et sexuelle. C’est le thème exploré par la Nantaise lettrée depuis ses débuts. Ses deux EP autoproduits faisaient référence à des travestis rencontrés à Londres, chez Madame Jojo’s. Outre-Manche, elle pouvait être qui elle voulait, personnellement et musicalement, encouragée par ses ami(e)s queens. “Pour chaque insulte lancée/Il pousse un grain de beauté/Laissez passer toutes les half ladies”, chante-t-elle dans Half Ladies.

iT, en version revue, ainsi que Narcissus Is Back, tous deux écrits en anglais, apparaissaient déjà sur ses premiers efforts. L’essentiel de Chaleur Humaine reste interprété en français et Heloïse Letissier en a les moyens vocaux et textuels. Même si elle a travaillé avec Ashley Workman (Metronomy, Frànçois & The Atlas Mountains) et deux multi-instrumentistes, elle est restée fidèle à la sobriété qui est sa marque. Entre les synthés et pianos, les rythmiques volontairement frugales et les cordes, il reste toujours beaucoup de place pour la voix. C’est ce qui fait sa singularité et lui évite les parallèles trop directs avec Austra malgré les points de convergence multiples.

Les influences de Christine And The Queens sont heureusement trop complexes pour qu’elles puissent être un fardeau. Parmi elles, Kate Bush et Björk pour la sophistication pop, Gavin Bryars et Michael Nyman pour le minimalisme bien orchestré, Klaus Nomi nommément cité dans Ugly-Pretty pour l’attitude théâtrale, ou encore Michael Jackson (qu’elle reprenait autrefois) pour expliquer certains élans mélodiques et refrains cheesy. Ça fonctionne notamment sur Nuit 17 À 52 (composition phare de son troisième maxi). Christine And The Queens signe aussi une reprise bilingue de Christophe, Paradis Perdus. “Si je ne veux pas être une grande fille je serai un petit garçon”, chante-t-elle. En fait, elle a tout pour être grande.

A découvrir aussi