cabane, le projet du Belge thomas jean henri, abandonne sa musique aux flammes avec "Brûlée", disque de lumière disparue où demeure encore la beauté. C'est l'album de la semaine de Magic du 26 janvier 2024.
Durant les deux premières minutes de In Parallel, le titre d’ouverture de Brûlée, on se dit qu’on retrouve le cocon de grande est la maison (2020), le premier album de cabane, sa chaleur, son moelleux, le sentiment qu’aucune des lames du monde ne peut en fendre la chair. Les cordes en nylon de la guitare se nouent en accords pleins, la voix claire, si belle et tendre, de Kate Stables s’élève, tranquille. Bientôt les cordes, arrangées par Sean O’Hagan, entrent et amorcent leurs virages étranges, s’enroulent autour de Kate, jouent avec elle, mutines. Le chœur Bostgehio, enfin, s’invite et Kate Stables y adosse sa voix comme on poserait sa tête sur l’épaule d’une vieille amie. Mais voilà, à 2’13’’, tout bascule. Les stridences d’un synthétiseur balafrent le ciel d’éclairs, un piano égrène des gouttes acides de menace, le chœur s’alarme. Une batterie lourde, entêtée, pulse – des coups de poing, de masse, malmènent la chanson. Kate chante néanmoins, expulse l’air de ses poumons de toutes ses forces pour remonter des profondeurs dans lesquelles les percussions l’ont entraînée, déploie son chant haut et vibrant pour couvrir les aigus de la guitare électrique qui brouille à présent l’onde de la chanson. Celle-ci s’arrête brutalement, comme on s’épuise et s’effondre. L’oreille, éprouvée, se souviendra de la tourmente de l’orage, dont les ombres ne cesseront plus de planer sur la suite du disque, d’en assombrir les perspectives.