On ne sait jamais de quoi sera faite la semaine qui vient, mais on peut vous garantir que vous y trouverez au moins la belle musique de Chris Cohen. Avec un peu d'avance, Magic s'emballe pour le quatrième album de l'Américain, "Paint a Room", qui vivifie sa pop gracieuse en arrangements de cuivres et en structures alambiquées.
Ancien membre de Deerhoof (entre 2002 et 2006), du groupe art rock The Curtains (avec Trevor Shimizu) et de Cryptacize (avec Nedelle Torrisi, pour deux sublimes albums de dream pop amoureuse), également accompagnateur indispensable des glorieuses premières heures d’Ariel Pink ou de Cass McCombs, Chris Cohen a été plus récemment producteur-accompagnateur pour Weyes Blood, Kurt Vile ou Marina Allen. Il a surtout réalisé quatre très beaux albums solo, dont trois pour le label Captured Tracks (Overgrown Path en 2012, As If Apart en 2016, Chris Cohen en 2019), enregistrés dans des périodes d’isolement, des phases où, comme il le dit lui-même, il «essayait de réduire [son] univers», enregistrant lui-même des douzaines d’instruments selon une méthode solitaire et progressive, un acte d’accumulation et de suppression qui lui a permis d’accoucher de quelques-unes des plus belles chansons d’une bedroom pop baroque et virtuose, cousine de chambre de Kurt Vile ou Mac DeMarco, mais trouvant sa source dans le In My Room de Brian Wilson ou le Lady de son frère Dennis, comme dans les rêveries nostalgiques de Ray Davies ou la folk introspective de Laurel Canyon. Usant de timbres acoustiques et électriques communs, la musique de Chris Cohen n’est pas pour autant vintage ou rétromaniaque et fonde sa modernité sur des signatures rythmiques complexes, des changements de tonalité souvent surprenants, des constructions alambiquées mais pourtant toujours extrêmement gracieuses et harmonieuses, qui ont fait de lui un artiste particulièrement admiré des musiciens.
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