Le carton choral et rétromaniaque "Random Access Memories" souffle dix bougies en fendant le casque pour révéler matière brute et grandes obsessions. Suivi de chantier en 9 pistes bonus.
Désormais, nous serons des affamés. À l’affût de chaque note, de chaque bribe d’extrait pour combler le mystère, ne pas refermer trop vite un livre long de 28 ans. Daft Punk n’est plus. Définitivement. Nous partons à l’assaut du moindre inédit pour compenser l’absence. Les dix ans de Random Access Memories sont alors une bonne occasion pour Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo de satisfaire leurs fans. Cette réédition, excitante, nous plonge, pendant 35 minutes et 9 titres, en immersion dans le processus créatif des deux Français. En studio. Sans leurs casques. Human after all.
Si Horizon, morceau bonus de la version japonaise de RAM, était déjà connu, les secrets se dévoilent dès GLBTM, composé d’extraits des sessions d’enregistrement de Give Life Back to Music. Ici, peu de production, une impression de jam et des envolées brutes où les cordes sont omniprésentes. Le duo recherche le ton de son futur album : on ressent les différentes pistes qu’il va explorer, ses idées, ses envies. Comme sur l’excellent Infinity Repeating avec Julian Casablancas : les Daft approfondissent leurs obsessions pour… l’infini, les boucles répétées supportées par une basse impressionnante et des synthés délicats. Sur Prime, nous revenons en 2012, au début du projet RAM. Sur cette démo finalement abandonnée et inachevée, les cordes inondent encore une fois la piste et sont soutenues par des nappes synthétiques très caractéristiques du groupe. Peut-être trop, avec ce morceau, finalement mis de côté, qui montre toute l’ingéniosité des deux Parisiens.
Dernier grand moment, les huit minutes de The Writing of Fragments of Time. C’est un document rare. Nous sommes en studio avec les Daft Punk. Littéralement. Les Parisiens travaillent avec un enthousiaste Todd Edwards et cherchent la topline de Fragments of Time. Ils discutent, peaufinent, s’amusent. Émouvant de voir ces Daftendirekt. Voilà notre curiosité (un peu) assouvie, un voile légèrement levé. Des trésors restent sûrement à découvrir. Les Daft semblent vider leurs tiroirs et jouent avec notre impatience. Si cette qualité-là est toujours présente, rendez-vous est pris. Désormais, nous resterons des affamés.
SORTIE DOUBLE CD, TRIPLE VINYLE ET NUMÉRIQUE LE 12/05/2023