Le sixième album de Jonathan Wilson bombarde de grandiloquence floydienne les collines de Laurel Canyon. Entre le freak show postmoderne et l'œuvre récapitulative, "Eat the Worm" est l'album de la semaine de Magic du 8 septembre 2023.
On est devenu fan de Jonathan Wilson avec Desert Raven, issu de son deuxième album Gentle Spirit, merveille de soft rock planant et psyché de 2011. Et quand bien même aucune autre chanson de sa discographie n’a eu, depuis, le même puissant effet évocateur (la rencontre de Pink Floyd et de Stephen Stills avec des extra-terrestres autour de Joshua Tree, en gros), on reste attentif aux sorties du songwriter et producteur angeleno, thuriféraire le plus fidèle de l’esprit de Laurel Canyon, ce quartier de Los Angeles où résidaient les plus grands rockeurs des années 1970, Frank Zappa, Joni Mitchell, Crosby, Stills, Nash et Young… De Fanfare (2013), où il invitait carrément David Crosby et Graham Nash à venir harmoniser avec lui, à Dixie Blur (2020), son hommage personnel à la musique sudiste qui a bercé son enfance, le multi-instrumentiste n’a pas son pareil aujourd’hui pour conjuguer rock FM (Fleetwood Mac, Steely Dan) et psychédélisme (Pink Floyd, Tangerine Dream), fluidité mélodique et liberté jazz, cordes en cinémascope et trips progressifs. Son savoir-faire en a fait un réalisateur recherché (œuvrant notamment pour Father John Misty, Margo Price, Roy Harper, Dawes ou Angel Olsen), son job de guitariste et chanteur sur les tournées épiques de l’ancien Floyd Roger Waters lui assurant une tranquillité financière et, sans doute, une grande liberté artistique sur ses albums solo.