Julia Holter est de retour avec "Something in the Room She Moves". Un disque sensuel dans ses gestes réfléchis, sculpté dans la lumière d'une famille agrandie. C'est l'album de la semaine de Magic du 22 mars 2024.
C’est une sortie que nous guettions avec impatience. Car la promesse d’être en présence d’un grand disque est toujours largement tenue. Julia Holter fait décidément bien les choses. À peine avons-nous lancé l’écoute de son nouvel album qu’elle nous saisit, encore et toujours, instantanément, sans peine. Something in the Room She Moves (référence spontanée aux paroles de Something des Beatles, signées George Harrison) s’ouvre sur les premières notes de Sun Girl. Une sorte de gimmick sifflé hyper accrocheur, aussi décliné plus tard sur Evening Mood, et qui pourrait s’apparenter à un curieux mélange de musique d’ascenseur – si ce n’est le design sonore d’un aéroport ou d’une gare – et de chants d’oiseaux – en réalité, Julia jouant d’un piccolo et doublée de sons capturés dans son environnement (une cuillère qui frappe les contours d’une tasse à thé, par exemple), le tout possiblement inspiré du travail de Béla Bartók ou, plus proche de nous, Chassol, qui harmonisent ce qui est réel grâce à la technique du sample. «On me dit souvent que ma musique est peuplée de chants d’oiseaux, encore plus depuis la sortie de mon cinquième album Aviary [«volière», ndlr], mais maintenant je comprends ce que les gens projettent derrière le son d’un piccolo», s’amuse-t-elle à relever. Le résultat nous est étrangement familier à l’oreille. Et pourrait tout aussi bien être l’intro tonitruante de n’importe quelle chanson de Björk. «Nous partageons le même sens de l’harmonie je crois, et je me reconnais aussi dans son travail sur les textures sonores, précise-t-elle. Il y a de l’hétérophonie [un type de polyphonie où les musiciens exécutent la même mélodie avec des variations différentes, ndlr] dans ma musique. Dans la sienne aussi si je ne m’abuse.»