Trente-deux ans après sa parution, "Diamonds and Pearls" s'offre le traitement grand luxe dévolu aux grands albums de Prince. Ou comment rendre compte de l'ébullition créative de la charnière 1990-91 et de la puissance de feu live de son groupe d'alors, The New Power Generation.
Lorsqu’il sort le 1er octobre 1991, Diamonds and Pearls (D&P pour les intimes) retient l’attention. Ce treizième album de Prince marque d’abord une rupture avec ses prédécesseurs : à l’exception de deux titres (Thunder et Insatiable), tout le matériel est ici enregistré avec son nouveau groupe, baptisé The New Power Generation. Avec notamment Michael Bland à la batterie et Sonny Thompson à la basse, ce groupe rallume la flamme après l’échec du film-disque Graffiti Bridge, sorti l’année précédente. Disque à l’ambition commerciale assumée, D&P fusionne les genres, entre ballades sirupeuses (la chanson-titre), californiennes (Money Don’t Matter 2 Night) ou jazzy (Strollin’), tourneries funk (Daddy Pop, Get Off, Jughead, Push), écho lointain de l’Afrique (le joyau Willing and Able) et prog funk mutant (Live 4 Love). Écoulé à plus de 7 millions d’exemplaires, ce grand mezze où transparaît l’influence grandissante du rap est, après Purple Rain, le deuxième album le plus vendu de son auteur. Un succès qui justifie en soi sa réédition au format mammouth – on est chez Prince : 12 vinyles ou 7 CD, flanqués de leur blu-ray, contenant l’album remasterisé, les singles, remixes, faces B et la modique somme de 33 titres studio jamais parus.
Enregistrés en solo avec ses machines ou avec ses nouveaux musiciens, ces inédits témoignent de l’ébullition créative à l’œuvre entre mi-1990 et mi-1991. Pas mal de chansons écrites pour d’autres (Martika, Mavis Staples, El DeBarge…), des titres non retenus sur la configuration finale de l’album (Something Funky, The Last Dance, Horny Pony, Schoolyard), des expérimentations en trio rock (les impressionnants jumeaux Blood on the Sheets, Darkside) et même un instrumental, le superbe Letter 4 Miles, enregistré en hommage au trompettiste. L’on y entend les tics sonores de l’époque, new Jack swing et house music en tête, l’ensemble donne l’impression d’une avancée à tâtons, animée de la volonté d’enfanter des tubes et jalonnée de fulgurances (I Pledge Allegiance to Your Love, Live 4 Love (Early Version), My Tender Heart, Open Book, Pain, Standing at the Altar, la très garage Streetwalker, The Voice).
Si la comparaison avec les inédits recensés lors des rééditions de ses chefs-d’œuvre 1999 et Sign o’ the Times n’est pas à son avantage, cette sortie mérite l’attention de ceux qui douteraient encore de la puissance de feu sur scène de la formation d’alors. Captées dans son club de Minneapolis, le Glam Slam, en filage de la tournée qui sillonna le Japon, l’Australie et l’Europe au printemps-été 1992, les 100 minutes de ce concert émerveillent. Arrangements savants, section de cuivre, déluges vocaux des Steeles et de Rosie Gaines (son Aretha Franklin), solos de guitare et jams funky implacables… Ce concert se hisse à la hauteur du mythique Sign o’ the Times Live. Il ravivera le frisson des 900 000 chanceux qui assistèrent à l’une des 56 dates de la tournée. Les novices, eux, y trouveront la barque idéale pour accoster ce continent musical qu’est Prince.
SORTIE CD [ÉDITION SIMPLE OU DOUBLE], COFFRET 7 CD + 1 BLU-RAY, VINYLE [ÉDITION SIMPLE, DOUBLE OU QUADRUPLE], COFFRET 12 VINYLES + 1 BLU-RAY, BLU-RAY AUDIO ET NUMÉRIQUE LE 27/10/2023