Difficile – voire presqu’impossible – de faire un top cinq de nos coups de cœur de la programmation d’une institution telle que le Left of the Dial Festival, qui se tiendra du 17 au 19 octobre à Rotterdam, et ses plus de cent artistes programmés sur trois jours. Mais on va essayer malgré tout !
Moleskine
Cocorico, des français sont de sorties aux Pays-Bas ! On aurait pu causer d’En Attendant Ana et de Special Friend, aussi à l’affiche, mais les lecteurs réguliers de nos pages papier connaissent déjà à peu près tout de ces deux groupes, ce qui ne s’applique sans doute pas à Moleskine – on est là pour rattraper ça. Quantième itération de la troupe d’agitateurs de l’underground nantais formée par Oscar Eschbach, François Beaugendre, Chloé Prioux et Paul Pelvoizin, Moleskine perpétue l’art du post-punk fauché dans une veine australo-canadienne faisant fortement penser à un mélange entre Crack Cloud et Exek – comprendre mélodies hachurées, guitares cinglantes, rythmique quadrillée et chant aboyé. Un petit bijou des caves de notre beau pays qui s’exporte dans une autre terre des cultures indie souterraines, ça ne peut que faire des étincelles.
TTSFU
Pas le nom le plus simple à prononcer du line-up (titiessessefiou ?), TTSSFU est sans doute l’un des plus séduisants, depuis qu’on a aperçu le projet fronté par Tasmin Stephens lors de la Block Party du Supersonic se tenant en mai dernier. La jeune anglaise basée à Manchester déploie un shoegaze de chambre d’ado, avec une myriade d’EPs au compteur mais pas encore de projet long-format. C’est lo-fi, parfois langoureux, parfois speed, inspiré par la pop culture (on pense à l’EP Me, Jed and Andy, dans laquelle elle trace un trait d’union entre ses relations compliquées et celle entre Jed Johnson et Andy Warhol), et c’est surtout très chouette en live – point bonus pour la guitare en forme de coeur très accrocheuse à l’oeil de Stephens.
UGLY
On a beau chercher, on ne trouve rien de moche chez UGLY. Sous ce nom self-deprecating, six jeunes britons utilisant le pouvoir de l’amitié pour créer un art-rock mélancolique à souhait, aux chœurs aussi diaphanes que cet instrumentarium foisonnant. En grossissant un peu le trait, on pourrait presque dire qu’on a là un hybride entre Queen (l’intro de The Wheel, parue sur l’EP Twice Around The Sun, sorti en mai 2024) et le Black Country, New Road post-Ants From Up There, avec qui ils sont d’ailleurs parti en tournée récemment. Un nouveau nom à coucher dans notre cahier des pourvoyeurs de pépites des prochaines années. Définitivement pas UGLY.
FOYER RED
Sans doute l’un des projets les plus rafraîchissants à avoir émergé à New York ces dernières années, Foyer Red sera de la partie à Left Of The Dial, un an après la sortie de son premier album sur Carpark Records, Yarn the Hours Away. Rafraîchissant, car plein de facéties dans ce chant bicéphale délicieusement maladroit qui rappelle parfois les Pastels, dans ces mélodies chaotiques et cajolantes à la fois et dans cette instrumentation qui mélange influences jangle-pop, math-rock et post-punk – avec guitares, clarinettes, omnichord, glockenspiel, flûtes et mellotron. Une véritable petite pépite aussi joueuse qu’un chaton à qui l’on donnerait une pelote de laine.
TEA EATER
Ce qu’il y a de marrant dans un festival aussi défricheur de Left Of The Dial, c’est que, même chez nous, ne connaît qu’à peine dix pour cent de la programmation. On prend donc un certain plaisir à scroller dans la liste de plus de cent artistes et groupes et à cliquer au hasard – quand le nom ou la photo capte notre attention un peu plus que le reste. Et à ce petit jeu, c’est Tea Eater – et sa photo aux lunettes à yeux factices – qui gagne. Plutôt que de bouffer du thé, traduction littérale de son nom, Tarra Thiessen préfère faire du noise-punk aux morceaux sardoniques, une sorte de fusion entre Oh Sees et Frankie Cosmos – avec pas mal de morceaux ne dépassant pas les deux minutes.
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