Le 27 mai dernier, dans l'entre-deux-élections, Dombrance débarquait pour sauver le pays avec sa "République électronique". Il était jeudi 23 juin au festival Sœurs Jumelles de Rochefort pour présenter son disque en live, devant des fans en délire.
Alors que son collègue Diego Losa diffuse des samples politiques totalement délirants pour faire monter la sauce dont le fameux “C’est de la poudre de perlimpinpin” lâché par Emmanuel Macron durant le débat de l’entre-deux-tours 2017, la foule scande des “Dombrance Président !”
Il y a là des vieux et des gosses, des professions intellectuelles supérieures et des ouvriers, des Blancs et des Noirs, tous prêts à communier ensemble devant la Grande Scène du festival Sœurs Jumelles à Rochefort fondé, entre autres, par l’actrice et productrice Julie Gayet qui rêvait de fusionner dans la joie et l’amour la musique et l’image.
Et alors que JB Dunckel et son docu-concert tant attendu Aux sources d’électro seront victimes des grêlons estivaux, l’ancien de DBFC au look bien ficelé de politicard 80s bénéficiera d’une fenêtre de tir assez miraculeuse pour présenter son programme révolutionnaire à la France.
Dépêché par l’INA pour inventer un projet artistique autour du thème des élections, Bertrand Lacombe aka Dombrance – qui a déjà fait marrer, danser et rêver des dizaines de music lovers avec des hommages électroniques tour à tour christiques et humoristiques à des personnalités politiques aussi diverses que Jean-Pierre Raffarin, Christiane Taubira et Barack Obama – a donc pondu avec ses machines un album concept ambitieux sur l’histoire de la Ve République que nous avons chroniqué dans notre hebdo #18.
“Favoriser le retour au plein emploi de vos jambes dans les clubs”
Auteur d’un programme politique fictif aux airs de grosse farce situationniste où il entend “favoriser le retour au plein emploi de vos jambes dans les clubs”, “sortir de la dépendance aux «experts» des chaînes d’infos continues en les remplaçant par des boîtes à rythmes” et “instaurer le service clubique après le BAC pour que les jeunes parcourent le monde de teufs en teufs”, Dombrance a surtout préparé de manière très sérieuse un spectacle multisensoriel pour faire voyager les spectateurs-auditeurs dans les profondeurs de l’histoire politique nationale avec des sons synthétiques finement choisis et des images d’archives piochées dans la réserve démentielle de l’INA.
C’est donc un show bimédia passionnant, dansant et tordant qu’il est venu présenter jeudi soir pour la première fois, avec le bon stress consubstantiel à l’inauguration officielle d’un projet pensé de longue date.
Déjà réussies, les ambiances associées à chaque période présidentielle prennent une tournure encore plus puissante avec les images, dont un énorme coup de boost pour les quelques “ratés” du disque. Les deux titres les moins inspirés comme De Gaulle qui a malgré tout un orgue d’église en référence à Colombey-les-deux-Eglises, et surtout Hollande, sont ainsi bonifiés par des vidéos cultes de Mai 68 pour le premier, et de la foule victorieuse et déchaînée de 2012 pour le second – qui illustre les rêves déchus de toute une génération qui jettera son dévolu quelque temps plus tard sur un jeune homme un peu plus “fit”.
Quant aux masterclass telles que Pompidou et Chirac, elles deviennent encore plus fortes avec une fusion entre un titre yéyé-synthétique et des images de la dolce vita des vacances pour la première et un cocktail explosif de techno brutale et de scènes bordéliques de raves pour la deuxième qui évoque brillamment l’amour de Chirac pour les rassemblements festifs interdits.
On mentionnera également le Giscard d’Estaing qui a fait rêver la foule avec ses instrumentaux cosmiques seventies doublés de références visuelles à l’explosion du tourisme hivernal et le tordant Macron avec sa rythmique hyperactive et son saxophone cocaïné qui auront fait s’extasier une assistance joyeusement bigarrée avec des courbes du Bitcoin en chute libre défilant devant leurs yeux ébahis, un titre dont le final apocalyptique évoque plus que jamais l’échec du “en même temps”, les limites de l’ultralibéralisme et l’instabilité terrible qui règne depuis quelques semaines dans notre beau pays désormais fracturé de partout.
Plutôt fier de la première de sa République électronique en version total plaisir, Dombrance, qu’on a retrouvé après le show, nous a raconté l’histoire de son projet en collaboration avec l’INA avant de nous expliquer que les images avaient été “préparées avec soin par le VJ [Franck Esposito, ndlr]“ et qu’il les avaient découvertes avec beaucoup d’excitation. Des vidéos cultes qu’il n’a pas vraiment eu le loisir d’admirer sur scène alors qu’il était focalisé sur ses machines et qu’il tournait le dos à l’écran de cinéma, ce qui ne l’a absolument pas empêché de délivrer une performance ahurissante qui devrait récolter tous les suffrages durant sa future tournée estivale.
Pour voir Dombrance près de chez vous :
09.07.2022 – Baume-les-Dames (25) – KoBold Festival
14.07.2022 – Berne (Suisse) – Gugus Gurten
16.07.2022 – Saint Aubin sur Mer (76) – Pete the Monkey Festival
20.07.2022 – Cap Ferret (33) – Les Plages Pop
21.07.2022 – Avignon (84) – Les jeudis electro au Kabarouf
22.07.2022 – Perpignan (66) – Festival Vingt sur Vingt
26.07.2022 – Marseille (13) – Théâtre Silvain
30.07.2022 – Trévou-Tréguignec (22) – Festival Chausse tes tongs
31.07.2022 – Luxey (40) – Festival Musicalarue
07.08.2022 – Montpellier (34) – Guinguette Club, Halle Tropisme
19.08.2022 – Guéret (23) – Check-In Party
20.08.2022 – Patrimoniu (20) – Ballà Boum Festival
27.08.2022 – Edenbridge (UK) – Alfresco Festival
09.09.2022 – Chamonix (74) – Les Grands Music Festival
10.09.2022 – La Roche Sur Yon (85) – Quai M
24.09.2022 – Bentonville (USA) – Format Festival
25.09.2022 – Bentonville (USA) – Format Festival
30.09.2022 – New York (USA) – Gouranga
05.10.2022 – Paris (75) – La Gaîté Lyrique
28.10.2022 – Evreux (27) – Le Kubb
04.11.2022 – Arles (13) – Cargo de Nuit
10.11.2022 – Pau (09) – La Centrifugeuse
25.11.2022 – Saint Avé (56) – L’Echonova