(Marathon Artists/PIAS)
Il a suffi de voir accolée à l’un de ses titres l’étiquette “best new track” sur le site Pitchfork pour que Courtney Barnett passe en quelques mois des charrières de l’amateurisme aux autoroutes du rock alternatif. La mise en lumière est méritée tant la chanson en question, Avant Gardener, impose sa limpidité pop derrière une mélodie je-m’en-foutiste. Quelque part entre la décontraction illuminée de Mac DeMarco (la bouffonnerie en moins) et la poésie décalée d’Adam Green ou Jonathan Richman, l’Australienne se démarque notamment grâce à un chant qui n’en fait qu’à sa tête.
Son flow déclame des textes angoissés et drôles, transcendant un songwriting au classicisme rock assuré – et donc rassurant. Prise tout à coup dans le tourbillon des tournées mondiales et de la promotion, on pouvait craindre que cette personnalité attachante et humble, élevée à l’école du DIY (elle créa son propre label Milk! Records pour sortir ses premiers singles), ne soit étouffée par une notoriété naissante qu’elle n’avait pas quémandée. En guise de réponse, la résidente de Melbourne livre un premier album dans la lignée de ses précédents enregistrements, accrocheur et désinvolte (Pedestrian At Best, Elevator Operator).
On retrouve aussi les petits défauts comme les instrumentations assez académiques (entre pop et indie rock musclé) ainsi que la production linéaire, le disque ne proposant pas de réelles variations et ne se reposant que sur la qualité intrinsèque des morceaux. Quand celle-ci faiblit, l’ennui se manifeste rapidement. Heureusement, Courtney Barnett est une compositrice pleine de classe, capable d’imposer son charisme farouche et sa sensibilité avec une facilité déconcertante (An Illustration Of Loneliness (Sleepless In New York), Boxing Day Blues, Depreston). Si elle emprunte désormais les autoroutes, c’est à bord d’une vieille mobylette déglinguée qu’elle continue de tracer sa route.