Death Grips – The Powers That B

(Harvest Records/Caroline/Universal)

Suite, fin et… re-suite des aventures rocambolesques de Death Grips. Le coup du sabordage, ils ne sont pas les premiers à nous le faire, pas plus que celui du revirement soudain. Mais il faut bien avouer que chaque décision hasardeuse prend chez eux une dimension supplémentaire. Sans doute parce que ces sacrés malades mentaux de Sacramento savent mieux que quiconque transformer les prouts du hasard en concepts arty fumants.

Après tout, Zach Hill, Andy Morin et Stefan Burnett se sont toujours présentés comme une troupe d’art contemporain plutôt que comme un groupe de musique, ce qui les protège encore de certaines critiques et entretient la fascination de leurs fans. Une fois encore, The Powers That B est l’un de ces objets impurs dont ils ont le secret, un double album regroupant Niggas On The Moon, paru en digital en juin 2014, et Jenny Death, mis en accès libre quelques jours avant cette sortie physique.

Soit deux déclinaisons de leur hip hop electro bruitiste, sans véritable lien sinon le flow ravageur/ravagé d’un MC Ride en pleine possession de ses moyens, et cohabitant malgré tout dans un coffret aux illustrations tout aussi aléatoires. D’un côté, donc, ce Niggas On The Moon en forme de dérapage (trop) contrôlé vers une electronica presque datée, (car) bâtie à partir de samples de Björk – une idée à la con qui les ringardise plus qu’elle ne les régénère.

De l’autre, le plus inspiré et bourrin Jenny Death règle son pas sur leurs précédents exploits indus/noise/hardcore, s’écoutant comme un concentré de leur style, ou plutôt comme sa fixation adulte, techniquement redoutable. Que la mort ait prise ou non sur Death Grips, ils ne seront sans doute plus jamais aussi dangereux et excitants qu’à leurs débuts.

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