Deerhunter : du grand Bradford Cox à la Route du rock 2019

L’un des rares impondérables woodstockiens qui demeure dans les festivals modernes, c’est la météo. Largement épargnée par la pluie ces quatre dernières éditions, la Route du rock aura accueilli ses spectateurs du vendredi et du samedi entre bruine, averses et ciel d’un gris opaque, à un horaire le plus souvent dévolu aux groupes les plus ouvertement pop du programme, les plus ensoleillés, apéritifs pour soleil couchant avant les grosses machines de festival.
S’ils se sont tous bien sortis de l’exercice (on retiendra la langueur tsé-tsé parfois fascinante de Foxwarren et la montée en intensité électrique de White Fence mais Hand Habits, le projet de la guitariste américaine Meg Duffy, n’a pas eu à rougir non plus), la difficulté de celui-ci n’a fait que davantage ressortir la classe étincelante de Deerhunter, dix ans pile après son premier passage malouin.
En une heure pile, le groupe américain a rappelé qu’il avait amassé un sacré nombre de pépites depuis, des morceaux du récent Why Hasn’t Everything Already Disappeared?, paru en début d’année, aux classiques de leur chef-d’œuvre de 2010 Halcyon Digest (Revival dès l’ouverture ou un Desire Lines à rallonge mettant en avant le guitariste Lockett Pundt, alias Lotus Plaza).
Des chansons à la fois radieuses en surface et toujours alourdies d’une sourde menace, d’un nuage en approche, d’une possible dépression. Et magnifiées par la prestation d’un Bradford Cox qui s’est vêtu d’un ciré jaune à partir de la mi-concert pour partager le sort des 7.500 spectateurs, sans que cela n’entame sa jovialité du jour. Deerhunter pluvieux, public heureux: une combinaison qui pourrait se vérifier, du moins pour sa seconde partie, à Rock en Seine le dimanche 25 août.
Jean-Marie Pottier (à Saint-Malo)

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