(4AD/Wagram)
L’année 2014 a été difficile pour Bradford Cox, un grave accident de voiture l’a laissé sur le carreau durant une longue période de douleurs et de dépression. Bien qu’il confesse en avoir perdu son mojo, il n’a en tout cas pas perdu la main pour ce qui est d’écrire de très bonnes chansons, et ce septième album de Deerhunter se révèle remarquablement inspiré. Il a été enregistré à Grant Park, près d’Atlanta, où vivent les membres du groupe, pratiquement tous voisins.
On sent que face à l’adversité, la formation s’est davantage soudée. Le sentiment d’une amitié indéfectible irradie ce disque à la tonalité pourtant plutôt amère et mélancolique. Tout en poursuivant la collaboration entamée sur Halcyon Digest (2010) avec le producteur Ben H. Allen, les musiciens ont chacun apporté une contribution active à la production de Fading Frontier, ce qui était moins le cas auparavant.
Cela confère à l’ensemble à la fois une assise solide et une enveloppe généreuse permettant aux compositions de Bradford Cox de s’épanouir. Fading Frontier est une suite de parfaites pop songs sur les illusions perdues et sur ce besoin récent pour Cox de vivre à l’écart du monde, dans une maison isolée et confortable, en compagnie de son chien Faulkner. Living My Life, le titre le plus personnel de l’œuvre, nous éclaire sur cette idée de “frontières qui s’estompent”.
C’est un constat un brin désabusé sur la vacuité de notre civilisation, cette impression de fin d’une ère qui nous incline à ne plus attendre grand-chose de rien et à sombrer dans la plus grande mélancolie. Un sentiment élégiaque, sublimé par les guitares de Lockett Pundt et une boîte à rythmes qui confère à ce morceau des accents dignes du MGMT d’Introspection (la reprise de Faine Jade) en plus épuré.
All The Same, en ouverture, soulève les mêmes élans de tristesse sublime que jadis Agoraphobia et Cover Me (Slowly). On retrouve ces couleurs automnales, lumineuses et fanées, qui faisaient déjà la beauté de Microcastle/Weird Era Continued (2008). Fading Frontier est porté par deux figures tutélaires : Tim Gane (Stereolab) déroule sur Duplex Planet une de ces parties de clavecin électrique alambiquées dont il a le secret, tandis que James Cargill (Broadcast) vient transcender l’émouvant doo-wop électronique Take Care à coups de bandes magnétiques triturées et de synthétiseurs envoûtants, nous renvoyant aux jouissives expérimentations sur bandes que Broadcast et Atlas Sound s’étaient amusés à produire ensemble il y a quelques années.JTNDaWZyYW1lJTIwc3JjJTNEJTIyaHR0cCUzQSUyRiUyRmN1bHR1cmVib3guZnJhbmNldHZpbmZvLmZyJTJGcmVzdWx0YXRzJTJGd2lkZ2V0cyUyRmV4dGVybmFsLmh0bWwlM0Zzb3VyY2VfdHlwZSUzRGxpdmUlMjZpZCUzRDIyOTUxNSUyNnBsYXllciUzRHNpbXBsZSUyNndpZHRoJTNENTUwJTI2aGVpZ2h0JTNEMzE5JTI2c2l6ZSUzRGF1dG8lMjIlMjB3aWR0aCUzRCUyMjU3MCUyMiUyMGhlaWdodCUzRCUyMjU1OSUyMiUyMG9ubG9hZCUzRCUyMnRoaXMuc3R5bGUuaGVpZ2h0JTIwJTNEJTIwdGhpcy5jb250ZW50V2luZG93LmRvY3VtZW50LmJvZHkuc2Nyb2xsSGVpZ2h0JTIwJTJCJTIwJTI3cHglMjclM0IlMjIlMjBmcmFtZWJvcmRlciUzRCUyMjAlMjIlMjBzY3JvbGxpbmclM0QlMjJubyUyMiUzRSUzQyUyRmlmcmFtZSUzRQ==