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Dominique A : “Avant, je niais le corps”

Un grand entretien sur Toute latitude et La Fragilité, les deux albums de Dominique A publiés en 2018, sera imprimé dans notre hors-série Les Années-Modernes à paraître par correspondance le mois prochain.

ENTRETIEN GRÉGORY BODENES
PHOTOGRAPHIE JULIEN BOURGEOIS POUR MAGIC

Depuis Vers les lueurs, on te sent comme libéré, en particulier sur Toute latitude. Ce passage vers une ambition musicale moins centrée sur soi, un récit plus collectif, symbolique, mythique, est-il sensible pour toi ? Autrement dit, il nous semble que, chez Dominique A, il y a deux périodes : une première plus sombre, plus orientée vers l’introspection, et une seconde (en particulier depuis L’Horizon, 2006), plus orientée vers l’autre et vers le monde extérieur.

En fait, ce sont plus les commentaires des gens autour de moi qui me font dire que c’est comme ça. De mon propre chef, je me crois être dans un registre plus terrien, moins dans la métaphore. Et quand je jette un œil dans le rétroviseur, j’ai l’impression qu’il y avait déjà des chansons dans cette idée-là avec ce caractère-là. Je les revendiquais sans doute moins, je revendiquais plus une certaine forme d’opacité. C’est moins le cas maintenant. Quand c’est opaque, je sais dire que ça l’est parce que c’est venu comme ça et que cela n’avait pas de vocation à être travaillé autrement. Je pense par exemple à Deux Côtés d’une ombre sur Toute latitude : je serais bien en incapacité d’expliquer ce que j’ai voulu dire. Prenons une chanson comme Rendez-nous la lumière [sur Vers les lueurs, 2012, ndlr]. En la faisant, j’avais bien sûr conscience de parler de certaines choses mais je me souviens des commentaires de Daniel Pabœuf en studio qui me disait : «Tu te rends compte que tu vas sur un terrain un peu plus direct qui peut désarçonner ton public ?». Son raisonnement m’a surpris. Je me souviens aussi quand on a chanté ces titres-là pour la première fois à Fouesnant et au théâtre de la Ville, des gens réagissaient assez négativement, une partie du moins car cela leur semblait premier degré et pas assez codé, trop primaire. Une chanson comme Se Décentrer a ce caractère-là aussi. Aujourd’hui, je revendique ce côté premier degré.

Dans ton attitude aussi ?

Oui, dans mon rapport au métier, au public et aux gens, la façon dont je vais vers les gens, ça a bougé, c’est moins en retrait. Ne serait-ce que parce qu’après les concerts… La suite ? C’est par ici!

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