Le plus bel ambassadeur de la pop moderne sort son treizième album, "Tirer la nuit sur les étoiles". Un album collaboratif qui se veut léger, ouvert, exalté et exaltant. Étienne Daho manie l'effet de surprise à chaque nouveau disque, scénarisé sur la pochette de ce dernier par une photo prise sur le vif façon paparazzi. Elle dit aussi beaucoup de son contenu, intime, mais sans être voyeur. Celui qui avait préféré laisser s'exprimer à travers lui ses idoles, sur la trilogie "Le Condamné à mort"-"Les Chansons de l’innocence retrouvée"-"Blitz", se raconte à nouveau. Et c'est doux.
L’album Tirer la nuit sur les étoiles s’ouvre sur le bruit du vent et le cri des mouettes. Où les as-tu capturés ?
Je les ai pris avec mon téléphone sur la plage de Saint-Malo. Le son était nickel, donc on l’a gardé tel quel au début et à la fin de l’album pour faire comme une espèce de boucle. Ces sons faisaient intégralement partie de l’histoire de ce disque. J’ai beaucoup écrit à Saint-Malo et enregistré avec les Unloved [le projet du DJ et producteur nord-irlandais David Holmes, rejoint par le musicien et compositeur américain Keefus Ciancia et l’épouse de ce dernier, la Californienne Jade Vincent, ndlr] qui ont leur studio là-bas. C’était vraiment un lieu d’inspiration et ça faisait le lien avec mon deuxième album, La Notte, La Notte… (1984), qui avait aussi été écrit entre Dinard, Saint-Lunaire et Saint-Malo. Les éléments sont très forts là-bas.
C’est un disque très enlevé, très exalté, très immédiat, ce qui surprend. Qu’est-ce qui a donné son élan à l’album ?
C’est difficile à dire. L’inspiration, c’est vraiment quelque chose de très mystérieux. Je n’ai pas encore réussi à définir et déterminer ce que c’est, car ça dépend de tellement de choses : du moment, de l’endroit où vous êtes, de comment vous êtes entouré. C’est vrai que je suis peut-être allé au bout d’un cycle et de pas mal de fantasmes avec Blitz (2017), l’album précédent. Du coup, avec Tirer la nuit sur les étoiles, je me suis autorisé plus de simplicité peut-être, ou d’immédiateté. Le précédent était très crypté avec une écriture pleine d’images un peu étranges. J’étais très inspiré par le personnage de Syd Barrett [cofondateur et premier leader de Pink Floyd, ndlr], parce que je me suis retrouvé dans des situations où j’étais confronté à lui en permanence, étrangement, comme s’il fallait que je capture quelque chose de lui. Comme il est vraiment mon premier héros d’adolescence, j’avais l’impression de faire une boucle et de me retrouver vraiment confronté à une espèce de Rimbaud qui m’a toujours fasciné. Car tout est fascinant chez lui. Ce qu’il a inventé, le personnage qu’il est, sa désintégration à un très jeune âge, et puis cette vie de reclus jusqu’à sa mort. Et je ne réponds pas du tout à ta question (rires).