Magic publie en exclu une live session du quatuor français Opac, auteur d'un très beau "Songs for a Second Grace" en toute fin d'année dernière.
Songs for a Second Grace du groupe Opac a été l’une des belles découvertes parmi ce trésor sans fond que constitue la pop française. Paru le 8 décembre chez Figures Libres Records, du nom de l’association vendômoise dont le label est l’émanation, il donne à entendre une folk généreuse, influencée aussi bien par la musique celtique que par la pop psyché, en partie enregistrée sur Ouessant dans le studio de Yann Tiersen.
Magic publie en avant-première la For Lovers Session du groupe, enregistrée pour le label tourangeau Reverse Tapes le 21 juin 2023. Elle met en scène les quatre musiciens autour de trois extraits de leur album :
• Those Processions
• Gathered Ghosts
• Purple Maggot
La vidéo est aussi un avant-goût du concert que le groupe donnera à la salle Ockeghem de Tours, ce samedi, pour marquer sa release party (avec Laetitia Shériff).
Captation vidéo / Montage : Flavie Herbreteau et Leo Dumoulin (Reverse Tapes
Captation son / Mastering : Lionel Laquerrière
Mixage : Opac
Pour vous aider à mieux faire connaissance avec l’univers du groupe, Magic republie ci-dessous la chronique parue dans l’hebdo n°78.
OPAC
Songs for a Second Grace
(FIGURES LIBRES RECORDS) – 08/12/2023
Les trente ans de l’album Grace de Jeff Buckley seront célébrés l’année prochaine. Seuls les dieux de la pop savent si cette proximité est à l’origine de la sensibilité accrue manifestée par les groupes du XXIe siècle pour l’œuvre météorique mais ultrapuissant du fils de Tim – la ref’ est revenue plusieurs fois ces derniers mois dans les communiqués de presse. Le nom de Jeff Buckley figure en tout cas parmi les influences citées par le groupe du Tourangeau Pierre-Alexis Cottereau, Opac, devenu quatuor depuis que ses amis musiciens l’ont aidé à porter sur scène son premier album, In Fragments, paru en 2020 (avec Pierre-Alexis : Brice Cadouot, Pablo Coudrin et Philémon Tranchant) après un premier maxi en 2018. Le groupe cite aussi, parmi ses figures tutélaires, tout ce qui fut, dans l’histoire, capable de coller les frissons avec des arpèges de guitare arrangés et des changements de gamme bien sentis au milieu d’une progression d’accords (Nick Drake, Elliott Smith) et pourtant, la mixture, si dingue sur le papier, possède une personnalité propre, plus proche, au sens esthétique comme au sens chronologique, du Lyonnais Raoul Vignal.
Le titre de ce second disque, Songs for a Second Grace, place la barre assez haut – trop, soyons clairs – s’il faisait un clin d’œil explicite à l’album studio unique de Buckley* (1994). Le registre vocal, juste ça, n’a rien à voir. À l’échelle de la discographie du groupe et d’une scène française qu’on a sentie plus nerveuse sur la pédale de disto cette année, on est plus proche de la réalité : l’amour du quatuor pour un folk rock sensible mais pas pleurnichard, lyrique mais pas démonstratif, apaisé mais pas neurasthénique, arrangé mais pas surchargé, cet amour, donc, est patiemment honoré au fil de onze morceaux maîtrisés et classes. On les sent nourris par des questionnements existentiels assez lourds et un vrai mysticisme, mais tout l’attirail des moments musicaux sereins est convoqué avec un doigté accueillant (piano, cordes, chœurs).
Les grandes références mises de côté, l’influence la plus marquante est celle du folklore britannique, très audible sur le morceau-titre, sur Purple Maggot ou sur la ligne de violoncelle de Valley of Sin (The Fire in Your Hands), qui peut aussi s’entendre comme un classique de rock grassouillet des années 1970 subitement devenu merveilleux dans une version unplugged. Opac sait lâcher la bride à ses guitares, les laisser s’envoler dans des finaux amples et oniriques (Emerald Green Dress, Veneration). La rédac doit encore décider si elle va faire un dossier sur les groupes français à écouter en 2024, comme elle l’avait fait pour 2023. Quoi qu’il arrive, Opac est le premier nom de la liste.
*Deux disques studio sont parus sous la signature de Jeff Buckley mais le second, Sketches for My Sweetheart the Drunk (1998) était un disque posthume composé de morceaux inachevés.
Cédric Rouquette •••••°
SORTIE CD, VINYLE ET NUMÉRIQUE