Du 1er au 3 novembre, se déroule la 17e et dernière édition de l'excellent festival nantais SOY. Un point final de ce parcours aventureux qui méritait quelques explications.
Pour un festival à taille humaine, organisé avec passion par une équipe exclusivement bénévole, son tableau de chasse est impressionnant. En 17 éditions, SOY a fait venir à Nantes aussi bien des légendes de la scène indé des années 90 (Yo La Tengo, Will Oldham, Tortoise, Sebadoh…) que des artistes qui ont dessiné le son des années 2000-2010, souvent avant même qu’ils n’explosent (Tame Impala, Grizzly Bear, Ariel Pink…). Cette année ne fait pas exception à la règle, avec dans la première catégorie l’ex-Sonic Youth Thurston Moore et dans la seconde, nos petits chouchous de Weyes Blood et Corridor. Alors pourquoi mettre un point final à un si beau projet ? Claire, la présidente de l’asso Yamoy’, qui organise le festival, Alice, la chargée de communication et Pierre, le programmateur, ont répondu ensemble à nos questions, à la veille du lancement de leur ultime week-end de “musiques aventureuses”, du 1er au 3 novembre.
Des festivals qui se terminent, c’est courant. Mais qui annoncent leur dernière, beaucoup moins…
Quand nous avons commencé – ou rejoint – SOY, nous avions une vingtaine d’années. Aujourd’hui, quelques années plus tard, nos vies – professionnelles, personnelles…- ont changé et nous avons peut-être moins de temps et d’énergie à consacrer à cette activité bénévole. C’est un engagement assez lourd quand on est dans l’organisation : une dizaine d’heures hebdomadaires plusieurs mois avant le festival. Même si c’est toujours un grand plaisir de participer à SOY, il faut savoir retrouver ses priorités. Si l’association Yamoy’ continue sans les membres fondateurs, le festival changera très probablement de ligne directrice et donc de nom.
Comment avez-vous construit la programmation de cette édition spéciale ?
Comme chaque année, en commençant par une playlist idéale, puis en y ajoutant les contraintes inhérentes à SOY : est-ce que l’artiste est bon sur scène, sachant qu’un grand disque ne fait pas toujours un bon concert ? Quels artistes sont disponibles sur nos dates ? Ont-ils une actualité (tournée en Europe, date unique…) ? À cela s’ajoutent les contraintes techniques, mais aussi financières : les cachets des artistes ont explosé depuis les débuts de SOY, il a fallu savoir réorienter certains choix.
Mais c’est vrai qu’on a conçu cette dernière édition comme une fête où l’on retrouve les vieux amis : on invite donc des artistes déjà accueillis lors de précédentes éditions : Arrington de Dionyso, qui a joué à SOY#2 en 2004 avec Old Time Relijun, Jessica Moss de Thee Silver Mt Zion et Radwan de Jerusalem In My Heart qui jouent avec Oiseaux-Tempête. Et on a prévu des moments de fête : fins de soirées plus tardives, retour en navette pour le public et même une croisière-concert/club de 4 heures sur l’Erdre pour clôturer le festival, qui a vite été sold out…
En 17 ans, n’y a-t-il pas eu une évolution dans les esthétiques que vous avez défendues, d’un rock et folk indé aux “musiques aventureuses” en général ?
Le festival a grandi avec nous, la palette de nos goûts s’est enrichie de nouvelles esthétiques au fil des rencontres et des lectures, dont Magic RPM (sourires). Au départ, on écoutait beaucoup d’indie pop / rock / noise / ambient puis, d’année en année, on a progressivement ouvert le spectre : hip-hop / musiques électroniques / expérimentales… Les artistes invités nous ont amenés vers d’autres musiques et, de fil en aiguille, la famille SOY a accueilli de nouveaux membres. Au cours de ces 17 éditions, SOY a accueilli plus de 350 artistes internationaux dans 50 lieux de l’agglomération nantaise.
SOY, c’est aussi un parcours musical dans la ville. En quoi les lieux de concert sont-ils importants ?
Chaque lieu est unique : le Museum d’histoire naturelle pour ses squelettes, le Musée d’Arts pour les concerts devant des tableaux de grands maîtres, la Maison de l’Erdre, en plein milieu d’une île aux inspirations japonaises, le Blockhaus pour son côté brut et béton… Autant de lieux qui permettent de programmer des groupes qui correspondent à chaque univers. À Nantes, on a du choix !
SOY se terminant, Nantes reste-t-elle une ville ouverte aux musiques aventureuses ?
La proposition de concerts ici est pléthorique. Nantes est la ville de province dont les nombreuses salles de concert ont le plus haut taux de fréquentation en France ! Presque toutes les esthétiques sont bien représentées. Il existe aussi de nombreux festivals, de bars, de lieux alternatifs, d’associations défricheuses… Notre liste de coeur non exhaustive ? Le Lieu unique, qui accueille SOY depuis plusieurs années, Stereolux, le Pôle étudiant dont Alex Labbé, le programmateur, est aussi le cofondateur du festival et organise maintenant le festival Wine Nat / White Heat, la scène jazz Le Pannonica, les Ateliers de Bitche, le ferrailleur, la scène Michelet, le Blockhaus, Askip, Lune Froide, le Jardin C, Apo33, Le Macadam, Le Chien Stupide, La Barakson / La Soufflerie… Il y a trop de monde à citer !