En Suède comme ailleurs, l’indie pop flirte de plus en plus avec le mainstream. On a ainsi pu voir récemment le fameux label Labrador faire les yeux doux à la nymphette Amanda Mair, jeune héritière de Kate Bush se revendiquant davantage des Spice Girls. Aujourd’hui, c’est un groupe phare – et un poil mésestimé – de l’écurie suédoise qui tente d’élargir ses horizons. Lassé de jouer la doublure moderne d’Echo & The Bunnymen et de The Cure, The Mary Onettes a voulu changer d’air. Finies les guitares carillonnantes et ambiances funèbres sous un clair de lune assassin (rappelez-vous le sublime The Laughter sur The Mary Onettes, 2007), Philip Ekström et ses acolytes se réinventent une généalogie aussi bien marquée par les romances psyché-new-wave de Ian McCulloch que par les synthés clinquants des premiers Whitney Houston – le genre de grand écart avec lequel POP ETC s’est vautré tout récemment.
Pour renouveler son approche sonore, le quatuor a fait appel à Dan Lissvik, moitié du regretté Studio et producteur occasionnel de The Embassy, Taken By Trees ou Young Galaxy. Sous sa houlette, les quatre garçons font prendre le soleil à leur pop chagrine. La voix réverbérée et haut perchée de Philip Ekström s’appuie sur une production faisant la part belle aux claviers kitsch et scintillants. Les chansons ont viré de bord et passent au versant new pop des années 80 : le single Evil Coast et son clin d’œil évident aux Chariots Of Fire de Vangelis ou encore Don’t Forget (To Forget About Me) évoquant A-Ha. Autant d’odes eighties à l’hédonisme qui peuvent rappeler aussi bien Ariel Pink (Years) que Violens (Evil Coast). Même si l’ensemble est quelque peu inégal, The Mary Onettes peut se targuer d’avoir réussi son pari : se renouveler sans perdre la face.