On aurait souhaité ne pas enquiller les références ni les poncifs sur l’art des Scandinaves à s’emparer du savoir-faire anglo-saxon pour le présenter immaculé, comme au premier jour. Rien à faire : ils sont décidément forts, ces Suédois. On pense à Jens Lekman, aux talents trop peu célébrés de la maison Labrador (Acid House Kings, The Radio Dept., Pelle Carlberg) et à Cocoanut Groove, donc. Derrière ce blase chipé à une chanson de Roger Nichols, se cache Olov Antonsson. Bien que son second LP souhaite nous montrer comment construire un labyrinthe, le résident d’Umeå évolue en terrain balisé. Flagrantes et portées en étendard, les influences classiques se bousculent au portillon, de Love (la cavalcade Colours, toute en cuivres, guitares carillonneuses et clavecins) à Del Shannon (l’orgue de The High Coast) en passant par The Beatles et The Byrds (la chanson-titre) ou encore The Zombies, nommément cités durant A Secret Tune, elle-même pas si loin des Smiths – ce rythme aride, ces arpèges…
On pense d’ailleurs aux Mancuniens le temps de Night Walk aux faux-airs de Please Please Please Let Me Get What I Want. A-t-on évoqué Belle And Sebastian, parrains de North Country Summer ? À l’instar des Écossais ou, plus récemment, de ses voisins de label Allo Darlin’, qui revendiquent haut et fort leurs totems et s’inscrivent délibérément dans une tradition, Antonsson compose avec ses idoles en ligne de mire. Histoire de chipoter devant tant de perfection formelle, on émet un léger bémol sur le chant, un brin désincarné. Quant au reste, que cette chronique aux allures de bottin mondain ne vous trompe pas, ce qui aurait pu n’être qu’un exercice de style un peu vain se révèle paradoxalement intime et personnel. À quoi ça tient ? On pourrait évoquer la sincérité, la ferveur, l’exécution et la maîtrise, entre autres. En fait, ça tient à ce fameux je-ne-sais-quoi qui parfois nous foudroie.