« I think we’re gonna have a wonderful time » : le Top 2017 de Julien Courbe

Jusqu’à la fin de l’année, les rédacteurs de Magic vont délivrer tous les jours leur Top 2017, sous la forme d’une liste de 10 albums, assortie d’un texte de mise en relief.

  1. PERFUME GENIUS – No Shape (Matador)
    2. OUT LINES – Conflats (Rock Action)
    3. RODDY WOOMBLE – The Deluder (A Modern Way)
    4. OISEAUX-TEMPÊTE – Al’An! الآن (Sub Rosa)
    5. SIOBHAN WILSON – There Are No Saints (Song, by Toad)
    6. MENDELSON – Sciences Politiques (Ici, d’ailleurs)
    7. MEURSAULT – I Will Kill Again (Song, by Toad)
    8. FLOTATION TOY WARNING – The Machine That Made Us (Talitres)
    9. TRADITIONAL MONSTERS – Push The Panic Button (Quixote Music)
    10. BALMORHEA – Clear Language (Western Vinyl)

+ La reprise, par  JOSEPH FISHER, d’Un air de liberté (Jean Ferrat)

Cette année encore, je n’ai pas écouté les albums qu’il aurait fallu. Je me pencherai avec retard sur les sélections de mes camarades, reverrai mes choix dans quelques mois, réviserai tout cela dans dix ans en découvrant le disque fabuleux qui m’avait échappé à l’époque.

Pour l’heure, je suis resté fidèle à mes accointances écossaises, avec le retour serein de Meursault (Neil Pennycook revenu de son escapade solo sous le nom de Supermoon), la découverte de la très francophile et envoutante Siobhan Wilson et les grands disques de Out Lines et Roddy Woomble. Ces artistes, le temps d’un album, s’échappent de leurs formations habituelles (The Twilight Sad pour James Graham de Out Lines et Idlewild pour Roddy Woomble) pour explorer des voies pas si surprenantes quand on a suivi leurs carrières respectives. Avec le producteur Marcus Mackay et la multi-instrumentiste Kathryn Jospeh, James Graham a composé un album à partir de témoignages de résidents d’un centre social d’un quartier défavorisé de Glasgow.

Paroles sombres, dures, poignantes sur fond d’un rock volontiers drone, flirtant avec la musique folklorique et traditionnelle locale : un ovni magnifique. Roddy Woomble s’est vu crooner convaincant, chanteur folk aux tentations pop gorgées de poésie et l’a répété à l’envi “I think we’re gonna have a wonderful time” (et on confirme).

Mendelson a donné de nouvelles perspectives à l’exercice de la reprise et du disque militant, tandis que les Traditional Monsters ont remis les Talking Heads au goût du jour : depuis combien de temps n’avait-on pas entendu disque aussi jouissif, faussement foutraque et délicieusement subversif ? Deux retours gagnants aussi, avec attentes plus (Flotation Toy Warning) ou moins (Balmorhea) longues et albums d’élégances rares et précieuses.

Et puis deux disques emplis de sons, de rythmes, d’instruments, de sens, de sensations et d’odeurs presque, à l’opposé l’un de l’autre : le magistral trip libanais des Parisiens d’Oiseaux-Tempête qui s’épanouit dans la profusion et la confusion de l’Orient et de l’Occident, et vice et versa… et le sommet de modernité pop et d’inventivité de Perfume Genius, avatar de l’américain Mike Hadreas, improbable choix personnel, acté presque fortuitement à la suite d’un concert Praguois renversant. Disque d’une année 2017 aux préférences hétéroclites.

JULIEN COURBE, a fait ses études en Ecosse et en a gardé quelques amitiées musicales et un amour un peu démesuré pour le rock local. Il a écrit pour Presto! à la fin des années 90 et La Blogothèque de 2007 à 2014 (et tenait souvent le bar lors des Soirées de Poche). Il organise des concerts en appartements chez les autres (avec des artistes écossais souvent) et des blind tests au Chair de Poule à Paris. Il a rejoint Magic en novembre 2017 et, par une curieuse coïncidence, ses premiers articles traitent de rock écossais.

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