Entre Overcome By Happiness (1998) des Pernice Brothers et Songs From Northern Britain (1997) de Teenage Fanclub se situait déjà un point de convergence, une forme d’absolu, celle d’un songwriting au sommet après de nombreuses années de service – des Scud Mountain Boys pour l’un aux Boy Hairdressers pour l’autre. Aussi, quand on apprit l’an passé, soit grosso modo quinze années après leurs sommets respectifs, que Joe Pernice et Norman Blake avaient joint leurs forces tranquilles de gentillesse et de persuasion au sein d’un groupe commun, nous fûmes au-delà de la félicité. Et Into The Lime, grand disque simple, parade déjà dans notre panthéon personnel aux côtés de ses intouchables aînés. À l’instar du Stills-Young Band croisant le feu sur Long May You Run (1976) – ce semi-ratage doublé d’une ode à l’agriculture colombienne –, Joe Pernice et Norman Blake nous achèvent à l’ancienne. Des limbes glorieux de Sarasota à la tristesse contagieuse d’A Very Sorry Christmas (tube lacrymal ultime) et Shouting Match, aux plus légers Cruel Annette, Out Of The Lime et High On The Skyline, cette récréation s’annonce comme une véritable institution en devenir. Mais inutile de décrire davantage la sublime adéquation entre les deux compères, on citera simplement l’entrée remarquable d’Yves Bigot et Michel Houellebecq à propos de Neil Young dans Le Dictionnaire Du Rock : “Les chansons de Neil Young sont faites pour ceux qui sont souvent malheureux, solitaires, qui frôlent les portes du désespoir et qui continuent, cependant, de croire que le bonheur est possible. Pour ceux qui ne sont pas toujours heureux en amour, mais qui sont toujours amoureux de nouveau. (…) Qui continuent, en toute bonne foi, à penser que l’on peut vivre heureux sur la Terre.” Les magnifiques chansons de The New Mendicants contribuent à nous conforter dans ce genre de croyance, pour ne pas dire de foi, de manière absolument égale.
/Chroniques
13 février 2014