Dans son magnifique studio parisien, Jean-Benoît Dunckel a donné quelques clefs pour comprendre son nouvel album solo "Carbon". La moitié de Air nous a aussi livré des réflexions profondes et passionnantes sur son nouveau départ, son art et ses envies.
Quelles étaient tes envies quand tu as démarré cet album ?
Il est un peu la conséquence et le prolongement de ce que j'ai établi comme recherche pour les musiques de films. Le fait de travailler sur des longs métrages ou des séries [dernièrement Été 85 ou Mytho, ndlr] a un peu cassé mon format habituel de chanson. Ça m'a ouvert l'esprit sur d'autres formes de musique plus expérimentales, instrumentales, débridées, déformatées et déstructurées. Il y a eu aussi cet album avec Jonathan Fitoussi, Mirages, un disque plutôt tourné vers la musique ambient. Il m'a réconforté : grâce à ce projet, j’ai senti que je pouvais trouver mon public en faisant de la musique qui ne passe pas à la radio et en me laissant complètement aller. Carbon, c'est plus un album de lâcher prise. Je voulais garder un ensemble, avoir un disque cohérent, des morceaux qui se tiennent. C’est quasiment un album de musique de recherche.
Ce travail sur les BO de films, ça te nourrit aussi pour ta musique en solo ?
Oui, beaucoup. Il y a plein de morceaux que je fais en solo qui viennent de mon travail sur les films. Surtout, ça me sort de ma zone de confort. Les images te dictent parfois des sentiments que tu n'as pas forcément exploités auparavant. Mais tu dois le faire parce qu'on te l’a demandé. Du coup, ça t'amène, dans des plans, dans des mélodies, des accords, des textures où tu ne comptais pas aller. C'est hyper inspirant parce qu'on se rend compte que l'imagination humaine est sans limites.