JD Beauvallet, l’art est la question

"Interviews", recueil d’entretiens réalisés entre 1989 et 2017 par JD Beauvallet pour le journal qu’il a fondé en 1986, Les Inrockuptibles, paraît ce vendredi aux Éditions Braquage, qui ont déjà publié en 2021 "Passeur", ses merveilleux mémoires (voir le Magic hors-série bilan 2021). Longues et intimes, les interviews conduites par JD Beauvallet ont marqué les lecteurs des Inrocks en même temps qu’elles ont donné au genre ses lettres de noblesse. Élevée au rang d’art, l’interview selon JD se révèle un mélange de travail et de passion, d’engagement et de rêve, de technique et de lâcher prise. La rencontre de deux personnes qui donnent tout.

Comment est né ce livre, Interviews ?

Il est né des conversations sur la musique que nous avons souvent avec mon éditeur, Romain, des Éditions Braquage. À un moment, je lui parle d’une interview que j’avais faite, je lui demande s’il en a le souvenir et lui me répond que non, qu’il n’était même pas né ! Je me suis rendu compte qu’il y avait de nombreuses interviews qui n’avaient jamais reparu. En particulier des interviews «itinéraire bis», de gens comme Genesis P-Orridge ou Aphex Twin qui m’avaient passionné par leur parole absolument libre. Je me suis dit que j’avais toutes ces interviews qui dormaient – et qui allaient dormir pour l’éternité – et me suis dit qu’il me fallait les retravailler, les remettre en contexte… C’est ce que nous avons fait.

Tu avais déjà pensé à la parution d’un tel recueil ?

Nous avions déjà fait des recueils d’interviews avec Les Inrocks (je me souviens du rock anglais, du cinéma parlant, de l’anthologie à l’occasion des 25 ans), mais ç’avait été frustrant. Elles avaient été beaucoup coupées. Et puis ce n’était pas suffisamment incarné selon moi. Une interview, c’est deux personnes l’une en face de l’autre. Cette intimité avec les artistes, que je recherche à chaque fois, n’était pas quelque chose qui intéressait forcément les autres journalistes des Inrocks. Nous avions tous des techniques d’interview différentes et les compilations s’avéraient hétéroclites.