Moi, moi, moi, et encore moi. “Narcissiquement vôtre”, c’est la formule qui pourrait conclure les chansons de ces songwriters “authentiques” qui, depuis des lustres, sondent leurs seuls états d’âme par la musique et parviennent malgré tout à nous toucher, aussi intimes et personnelles puissent être leurs paroles.
Dans le genre, Jens Lekman est à la fois un cas d’école et un cas à part. Roi de la narration en plusieurs dimensions, champion à l’heure de transformer une historiette tirée de son quotidien en vérité universelle et touchante, le Suédois a développé un art du conte affûté et singulier, maniant le plus souvent avec le même tact et la même grâce les détails et l’humour, l’émotion et la perspicacité, la distance et la sincérité.
Et voilà que l’ami Jens a décidé de renverser le miroir en mettant son talent pour le storytelling – comme on dit maintenant – au service de ses fans, leur enjoignant il y a deux mois sur les réseaux sociaux de lui raconter leurs propres histoires personnelles afin qu’il puisse en harmoniser quelques-unes à sa sauce, celles qui lui évoqueraient le plus de choses.Alors qu’il s’était déjà lancé cette année le défi de composer un inédit par semaine (quarante-trois de ses Postcards sont aujourd’hui en écoute), il raconte la genèse de ce nouveau projet baptisé Ghostwriting au site CityBeat : “J’ai pris l’habitude depuis le départ de répondre aux gens qui écoutent ma musique, et j’ai réalisé que la communication qui s’établissait entre nous était très profonde et pleine de sens. Beaucoup de personnes me racontaient de longues histoires tirées de leurs existences, comme si elles me prenaient pour une sorte de malle aux trésors à l’intérieur de laquelle elles pouvaient venir déposer leurs secrets. J’avais parfois l’impression qu’elles me disaient des choses qu’elles ne diraient à personne d’autre dans le monde. Et j’appréciais ces histoires. Elles étaient même parfois la raison pour laquelle je me levais le matin – pour checker mes mails et en lire quelques-unes.”
Prenant le parti de prolonger ce rapport particulièrement viscéral avec ses auditeurs, Jens Lekman a donc sélectionné en tout dix-sept témoignages qu’il a mis en musique en un temps record dans le cadre de résidences. En sus, chaque fan dont l’histoire a été sélectionnée a rencontré Jens en personne afin que ce dernier puisse approfondir son interprétation.
Cinq morceaux sont chantés en suédois et ont été réalisés pendant la Biennale de Göteborg ; douze autres sont chantés en anglais et ont été mis au point aux États-Unis, en partenariat avec le Contemporary Arts Center de Cincinnati.JTNDaWZyYW1lJTIwd2lkdGglM0QlMjIxMDAlMjUlMjIlMjBoZWlnaHQlM0QlMjI0NTAlMjIlMjBzY3JvbGxpbmclM0QlMjJubyUyMiUyMGZyYW1lYm9yZGVyJTNEJTIybm8lMjIlMjBzcmMlM0QlMjJodHRwcyUzQSUyRiUyRncuc291bmRjbG91ZC5jb20lMkZwbGF5ZXIlMkYlM0Z1cmwlM0RodHRwcyUyNTNBJTJGJTJGYXBpLnNvdW5kY2xvdWQuY29tJTJGcGxheWxpc3RzJTJGMTY0NDEwNzUyJTI2YW1wJTNCYXV0b19wbGF5JTNEZmFsc2UlMjZhbXAlM0JoaWRlX3JlbGF0ZWQlM0RmYWxzZSUyNmFtcCUzQnNob3dfY29tbWVudHMlM0R0cnVlJTI2YW1wJTNCc2hvd191c2VyJTNEdHJ1ZSUyNmFtcCUzQnNob3dfcmVwb3N0cyUzRGZhbHNlJTI2YW1wJTNCdmlzdWFsJTNEZmFsc2UlMjIlM0UlM0MlMkZpZnJhbWUlM0UlM0NpZnJhbWUlMjB3aWR0aCUzRCUyMjEwMCUyNSUyMiUyMGhlaWdodCUzRCUyMjQ1MCUyMiUyMHNjcm9sbGluZyUzRCUyMm5vJTIyJTIwZnJhbWVib3JkZXIlM0QlMjJubyUyMiUyMHNyYyUzRCUyMmh0dHBzJTNBJTJGJTJGdy5zb3VuZGNsb3VkLmNvbSUyRnBsYXllciUyRiUzRnVybCUzRGh0dHBzJTI1M0ElMkYlMkZhcGkuc291bmRjbG91ZC5jb20lMkZwbGF5bGlzdHMlMkYxNjYyMDY5NzUlMjZhbXAlM0JhdXRvX3BsYXklM0RmYWxzZSUyNmFtcCUzQmhpZGVfcmVsYXRlZCUzRGZhbHNlJTI2YW1wJTNCc2hvd19jb21tZW50cyUzRHRydWUlMjZhbXAlM0JzaG93X3VzZXIlM0R0cnVlJTI2YW1wJTNCc2hvd19yZXBvc3RzJTNEZmFsc2UlMjZhbXAlM0J2aXN1YWwlM0RmYWxzZSUyMiUzRSUzQyUyRmlmcmFtZSUzRQ==Comme vous le constatez, tout est désormais en écoute sur Soundcloud. Et de Min Pappa Är Död à Nevada Desert Ranch, on trouvera là des perles discrètes, peu amplifiées et peu orchestrées, qui ne décevront sûrement pas les amoureux du Suédois chantant.
Ça vous fera aussi patienter avant un nouvel album – “les chansons polies” cette fois – sur lequel Jens va désormais se concentrer, comme il le confie à la fin de son entrevue avec CityBeat.
