Jonathan Wilson a sorti Rare Birds, le 2 mars dernier. Ce troisième long format, plus album de producteur puriste qu’oeuvre d’auteur, prolonge sa quête d’excellence sonore à rebours de toutes tendances, modes ou formats. Nous l’avons rencontré après son concert au Point Éphémère.
Jusqu’à présent, Jonathan Wilson sonnait plus comme un imitateur génial. Le folk rock et autres genres affiliés, il maîtrise, on sait. Ses deux précédents albums Gentle Spirit (2011) et Fanfare (2013) en ont fait la brillante démonstration. “J’ai passé du temps à explorer différents styles, dont l’acid rock des sixties, se rappelle-t-il lors de notre rencontre la semaine dernière, dans un hôtel du IXe arrondissement. À essayer de le faire sonner exactement comme à l’époque.”
Mais le voilà de retour avec Rare Birds, qui plonge l’auditeur dans un univers plus original. L’exercice de style — quoique celui-ci fût parfaitement exécuté — est bel et bien terminé. Ce brillant multi-instrumentiste, et producteur prisé par ailleurs, comme beaucoup d’artistes en promotion, avance présenter aujourd’hui sa création la plus personnelle. “J’ai voulu trouver ma combinaison spécifique de sons et d’influences, raconte-t-il. Cette fois, je voulais créer quelque chose de nouveau.” Les sons sont moins acoustiques, il y a moins de guitare. On entend plus de synthétiseurs — même du vocodeur — et des boîtes à rythme. La voix devient centrale et donne son souffle à l’album qui convoque country, art rock 80’s à la Peter Gabriel et rock psychédélique. Jonathan Wilson, le vrai, serait arrivé. On est bien tenté de le croire.
Car il aurait pu mettre en avant une Lana Del Rey ou un Joshua Tillman — présents au casting de l’album, respectivement choristes sur Living With Myself et 49 Hairflips. Ces deux-là auraient été autrement plus aguicheurs auprès d’un grand public un peu branché que Laraaji, qu’il considère pourtant comme “guide spirituel et clé du son de l’album”. Ce musicien, ponte de l’ambient et figure de proue de la musique New age, a apporté, en plus de sa cithare et de sa voix, “un peu d’infini”, décrit un Wilson conquis. Rien de surprenant aux oreilles de qui se rappelle qu’il conviait déjà sur Fanfare des noms comme Graham Nash ou David Crosby et que lui-même joue, en studio comme sur scène, pour Roger Waters. “Tous des amis”, déjà au rayon culte de la bibliothèque du rock.
Benjamin Pietrapiana